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Ski : Une station italienne s'attaque au surtourisme et limite l'accès à son domaine

  • Photo du rédacteur: Arcs 1800
    Arcs 1800
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

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Surtourisme en montagne : une station des Alpes va limiter le nombre de skieurs sur ses pistes, une première en Europe

La station italienne de Madonna di Campiglio va limiter le nombre de skieurs sur ses pistes les jours de trop grande affluence.


Passée la barre des 14 000 skieurs présents sur son domaine skiable, une grande station des Alpes italiennes fermera ses caisses de vente de forfaits à la journée. Une première en Europe.


" Vous êtes notre 14 001ème skieur aujourd'hui... Désolé, mais plus de forfait pour vous." Dès l'ouverture de la prochaine saison de ski, c'est la phrase que tout skieur pourra entendre en se présentant à la caisse des remontées mécaniques de la station de Madonna di Campiglio (région du Trentin-Haut-Adige).



Cette limitation du nombre de skieurs sur les pistes pourrait intervenir au moins dix à quinze jours pendant la saison. Ceux de grande affluence : durant les fêtes de Noël (du 28 décembre 2025 au 5 janvier 2026 en Italie), ou encore pendant les vacances de février (du 15 au 22 février 2026) ; et dans la tranche horaire où les skieurs sont les plus nombreux, soit entre 11 heures et 14 heures.


Des jours bien ciblés où les files d'attente aux remontées mécaniques s'étirent quasi à l'infini, et le blanc des pistes disparaît sous la marée de couleurs des combinaisons de ski.


15 000 skieurs/jour : seuil critique

"La saison dernière, il nous est arrivé d'avoir des pointes de fréquentation sur les pistes à 20 000 skieurs", rappelle Bruno Felicetti, le directeur général des remontées mécaniques de Madonna di Campiglio , au micro de la chaîne italienne privée italienne Rete 4. "Or, nous avons mesuré qu'en matière d'accueil, on atteint notre point critique à partir de 14 ou 15 000 skieurs. Au-delà, nos enquêtes indiquent clairement que l'indice de satisfaction de notre clientèle baisse dans des proportions importantes".


D'où ce "numerus clausus". Une mesure annoncée bien en amont de l'ouverture de la saison : pour informer autant que pour marquer les esprits des futurs clients. "C'est un choix responsable que nous avons fait", explique encore le responsable du domaine. "Nos objectifs premiers sont d'améliorer la sécurité sur les pistes et l'expérience clientèle".


Un choix qui serait aussi dicté par la volonté de lutter contre le surtourisme en montagne, "en espérant offrir un modèle durable et inspirant pour d'autres domaines alpins".



Coup marketing ?

De louables intentions, qui ne réussissent pourtant pas à convaincre tout à fait l'ensemble des acteurs de l'économie du ski. La période choisie pour annoncer la mise en place de ce "numero ideale", ce "nombre idéal" à ne pas dépasser, pour assurer à tous des conditions de ski optimales mais aussi, l'invitation conjointe lancée par la station des Dolomites, "d'acquérir dès maintenant un forfait pour les jours de foule, de façon à éviter les mauvaises surprises", laisse planer le doute quant à sa volonté de faire un bon coup marketing.


"Le seuil de 14 000 skieurs n'est dépassé que bien peu de jours dans une saison", juge Danilo Chatrian, le directeur général des remontées mécaniques de la station de Courmayeur. "Il ne fait guère de doute, qu'il s'agit aussi d'inciter les clients de la station à anticiper leurs achats bien avant la date".


Un sentiment renforcé par le fait que seuls les acheteurs du jour même seront concernés par le plafond du "nombre idéal". Les titulaires d'abonnements annuels ou de cartes prépayées échapperont à la restriction. C'est pourquoi aucune des 5 stations dont la région vallée d'Aoste est propriétaire ne suivra la voie ouverte par leur homologue des Dolomites.


"Il ne suffit pas de baisser le volet de la caisse des ventes de forfaits... C'est toute la gestion de la billetterie qu'il faut revoir si l'on se lance dans ce système. Et ce serait d'autant plus difficile pour nos domaines, vu la mixité de notre clientèle qui est italienne, mais aussi, pour beaucoup, étrangère", conclut celui qui est aussi vice-président de la fédération valdôtaine des exploitants de remontées mécaniques.


Une initiave importable en France ?

De notre côté des Alpes, cette limitation du nombre de skieurs sur les pistes ne suscite pas un enthousiasme démesuré. Nos demandes d'interviews des responsables de stations de ski d'importance équivalente à Madonna di Campiglio sont pour le moment rester sans réponse. Du côté de Domaines skiables de France, on relativise - par voie de communiqué - l'intérêt de cette initiative.


Domaines skiables de France suit avec attention toutes les évolutions et décisions des domaines skiables dans l’ensemble du massif des Alpes... La décision de Madonna di Campiglio d’introduire des quotas de skieurs relève du contexte spécifique d’une seule station italienne parmi l’ensemble des 286 domaines skiables italiens.

Alexandre Bérard, service presse "Domaines Skiables de France"

Inédite en Europe, cette limitation du nombre de skieurs sur les pistes a déjà été expérimentée de l'autre côté de l'Atlantique : aux États-Unis par exemple, ou encore à Whistler au Canada. Avec les mêmes objectifs de promouvoir un tourisme plus supportable dans les montagnes marquées, hiver comme été, par une présence massive de touristes.


Mais la lutte contre le surtourisme reste limitée par les réalités économiques. Les remontées mécaniques représenteraient, à elles seules 80 millions d'euros de revenus (soit 20 % des recettes du tourisme d'hiver).


Les effets de ces quotas à Madonna di Campiglio risquent donc d'être mesurés. Même si la station italienne promet déjà que le dispositif sera étendu à d'autres périodes d'affluence si l'essai se révèle concluant l'hiver prochain.

 
 
 

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