"Le domaine skiable de l'Aiguille rouge sera fermé aux skieurs à l'horizon 2028"
Le réchauffement climatique provoque la fonte à vitesse grand V du glacier du Varet, fragilisant la structure rocheuse sous la fameuse piste de l'Aiguille rouge, située aux Arcs (Savoie). À tel point qu'à partir de 2028, le fleuron de la station ne devrait plus être praticable pour les skieurs de niveau intermédiaire.
C'est un site bien connu des passionnés de ski. Avec ses sept kilomètres de long, ses 2 000 mètres de dénivelé et son sommet à 3 227 mètres d’altitude, l’Aiguille rouge, célèbre piste face au Mont-Blanc, vit ses dernières années.
Selon les données de l'observatoire européen Copernicus la planète a dépassé, sur 12 mois consécutifs, la barre des 1,5 degrés de réchauffement, par rapport à l'ère préindustrielle. Parmi les conséquences en Savoie : la fonte à vitesse grand V du glacier du Varet, qui fragilise la structure rocheuse sous la fameuse piste.
Moins 10 à 15 mètres par an
"On a fait des sondages : au plus haut du glacier, il reste 30 mètres de glace, constate Philippe Janin, directeur de la sécurité des pistes. L’année passée, on avait encore une piste rouge, et une autre piste noire. Cette année, on a décidé de n'avoir plus qu'une piste noire, et de ne pas monter aussi souvent pour faire le damage, parce que les pentes se raidissent et que c’est de plus en plus difficile à travailler."
Quarante-deux ans après sa construction, l’Aiguille rouge a déjà beaucoup changé. Des barres rocheuses ont été mises à nu et le glacier, reculant chaque année de 10 à 15 mètres, vide la combe et raidit la pente.
Pour les spécialistes étudiant ses versants, qui perdent chaque année trois mètres d’épaisseur, ce n'est pas une surprise. "Au niveau de l'Aiguille rouge, on a des micaschistes. Une roche très feuilletée, friable, fracturée. Le contenu en glace est encore non négligeable : il continue d'assurer un rôle de ciment", explique Ludovic Ravanel, géomorphologue et glaciologue.
Mais avec la multiplication des étés caniculaires depuis 2015, le versant est déstabilisé. "Depuis 2018, il bouge très régulièrement. Tous les étés, plusieurs centaines de mètres cubes tombent, voire des milliers", poursuit le spécialiste.
Restrictions d'accès à partir de 2028
À horizon 2028, seuls les très bons skieurs pourront emprunter cette voie. Les autres pourront toujours gravir le sommet afin d'admirer la vue, mais ils devront redescendre par le téléphérique. Un changement radical, largement accepté par les acteurs économiques et sociaux de la station de ski des Arcs.
"Elle ne sera plus considérée comme une piste, mais bien comme une zone de ski libre, Tout le monde comprend tout à fait ce qu'il se passe. On a décidé de faire d'une contrainte une opportunité, malgré la bonne conservation de la neige grâce à une bâche hors saison."
D'ici la fin du siècle, les glaciers des Alpes perdront entre 85 et 99% de leur volume, selon les spécialistes.
C'est le début d'une nouvelle aventure pour les Arcs et l'ensemble des domaines skiables du territoire, récemment épinglés par un rapport accablant de la Cour des comptes. Le temps presse : d'ici à la fin du siècle, les glaciers des Alpes perdront entre 85 et 99 % de leur volume, selon les spécialistes.
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