Bourg-Saint-Maurice : les taxis subissent la concurrence déloyale d'Uber
- Arcs 1800
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« Il faut que ça cesse » : En Savoie, après la gratuité du funiculaire qui a plombé leur activité c'est maintenant l’ombre de Uber qui plane sur la saison des taxis
À Bourg-Saint-Maurice, Les chauffeurs de taxis auraient pleinement profité de la bonne saison de ski sans la concurrence d'Uber et l’éboulement de Moûtiers
Acteurs souvent oubliés de l’économie des stations de ski, les taxis n’en sont pas moins primordiaux pour emmener les vacanciers profiter de l’or blanc.
« On a très bien commencé la saison avec d’importants épisodes neigeux. Des fois, les clients nous disent qu’on est leur sauveur, car on leur fait oublier le stress du train, des retards et parfois d’une tempête de neige », confie Arthur, chauffeur de taxi qui vit sa deuxième saison en Haute Tarentaise.
Avec ses collègues, il a vu débarquer une innombrable masse de touristes venus pour les vacances de Noël. « C’est beau de voir les enfants s’émerveiller de la neige dès leur arrivée à Bourg-Saint-Maurice », se rappelle avec émotion un autre passionné des routes de montagne.
Le problème Uber
Mais l’idylle du début de saison a laissé peu à peu place à la tension avec les chauffeurs Uber , taxés pour certains d’exercer illégalement le métier.
« On espère que la municipalité de Bourg va mettre en place une amende forfaitaire majorée de 500 € pour les conducteurs frauduleux. C’est un phénomène qui se passe chez nous l’hiver, mais aussi l’été dans les stations balnéaires. Il faut que ça cesse », déplore Jean-Pascal.
L’épisode de l’éboulement
Mais pas le temps de tergiverser, puisque les vacances de février ont rapidement pointé le bout de leur nez, avec en prime, une grosse frayeur. « On a eu de la chance que l’éboulement soit arrivé au bon moment et que la route soit rouverte rapidement. »
Arthur a même récupéré des vacanciers qui ont abandonné leur voiture, pris le train et fait appel à ses services pour monter en stations. Et le rythme des appels n’a pas cessé lors des vacances de février. Quant à la chute de neige en avril, elle a clôturé la saison de la plus belle des manières.
Ces anecdotes qui ont marqué la saison des chauffeurs de taxi
« Lors de gros samedis, on a fait cinq courses, c’était épuisant. C’est un job qui n’est pas donné à tout le monde, on doit vivre avec l’attente, la neige, le brouillard, les accidents, les réveils à 3 heures du matin, les routes verglacées et les 10 000 m de dénivelé par jour. C’est un autre sport que le taxi de ville », souligne Arthur, chauffeur de taxi pour sa deuxième saison en Haute Tarentaise.
Mais au-delà de transporter des clients, les professionnels de la route sont aussi parfois des confidents, des connaissances, à qui il est alors facile de raconter ses vacances, sa vie… Des rencontres gravées dans leur mémoire : « Un Anglais de Val-d’Isère, m’a raconté sa chute à ski, sa vie intime et même une idée de business », rigole Arthur.
Son collègue a, quant à lui, croisé la route de Philippe Wahl, le directeur général de La Poste : « Mes parents sont postiers donc c’était un joli clin d’œil de la vie », se remémore Jean-Pascal. La complicité créée à l’aller se renforce d’autant plus sur le trajet retour. « Les enfants nous racontent leur premier flocon ou leur première étoile. Ça nous touche en tant que père de famille et on devient amis avec certains parents. »
En totale décompression, des clients peuvent même complètement se “lâcher”. « J’avais une famille de huit Canadiens et ils ont eu un fou rire pendant 45 minutes », relate Arthur…
La vie après l'hiver
Après un hiver tempétueux d’émotions, les taxis de la Vallée se sont mis en mode repos depuis la fin de la saison de ski. « À l’intersaison, on prend le temps de souffler et de faire l’état des lieux de notre véhicule. On reste en alerte pour effectuer des trajets médicaux, parfois jusqu’à Grenoble (Isère) ou Lyon (Rhône) », explique un chauffeur de taxi expérimenté. « J’ai hâte que la saison d’été commence, car on aura une autre clientèle, avec des randonneurs, des sportifs. Ils sentent mauvais, mais c’est ça qu’on aime », affirme d’un ton blagueur Jean-Pascal. La saison d’été a tendance à s’allonger jusqu’au 15 septembre. « Cet été l’accès aux Chapieux, route pour le tour du Mont Blanc sera restreint, car il y avait trop de trafic et ça devenait dangereux », regrette Jean-Pascal, qui, comme ses confrères, va devoir s’adapter. « On va être impacté par les travaux de la gare car on récupère 25 places pour 33 taxis et on sera en face de la brasserie du tonneau. Je ne comprends pas l’installation d’une fontaine qui prend de la place alors qu’un brumisateur aurait été plus judicieux », déplore-t-il.
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