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Une association recense 3000 installations obsolètes non démontées dans les montagnes françaises



L’association Mountain Wilderness fête les 20 ans de sa campagne "Installations Obsolètes". L’ONG a développé une expertise en matière d’aménagements de constructions abandonnées dans les différents massifs de France, dont les Pyrénées.


Répertorier les installations abandonnées dans les différents massifs de France, dont ceux des Pyrénées, voilà l'une des missions menées par l’ONG Mountain Wilderness. Née en 1987 en Italie et basée à Grenoble, l'association fête les 20 ans de sa campagne "installations obsolètes" visant à dépolluer la nature des constructions inutilisées mais laissées sur place.


Mountain Wilderness a travaillé à la révision de la loi montagne votée en 2016. Une victoire pour l'association puisque la nouvelle loi montagne prévoit que les autorisations de construire des remontées mécaniques doivent s’accompagner d’une obligation de désinstallation lorsque celles-ci sont inexploitées pendant cinq ans. Cela ne s’applique toutefois qu’aux constructions faites après 2016. Il faudra donc attendre 2050 environ pour voir un effet réel.


D’ici là, de nombreuses installations inusitées et abandonnées continuent de défigurer les espaces de nature.


Des cicatrices laissées dans le paysage

En 2001, Mountain Wilderness avec l'aide du ministère de l'Environnement avait recensé 3000 aménagements laissés à l'abandon dans les montagnes françaises, dont une bonne dizaine dans les Pyrénées.


Des stations de ski fermées mais des remontées mécaniques non démontées. Les aménagements touristiques sont probablement l’exemple le plus parlant mais il peut s’agir également de vestiges militaires, de constructions industrielles, agricoles (comme d’anciennes clôtures pastorales) des aménagements sportifs désuets…le tout abandonné en fin d’exploitation et sans que leur démontage n’ait été prévu.


Nicolas Masson, administrateur bénévole de Mountain Wilderness, expose la problématique : « Cela pose problème. C’est tout bonnement la négation du développement durable d’abandonner un aménagement quand il n’est plus utilisé. C’est considérer la nature comme jetable, ce qui n’est pas le cas. À l’heure où l’on parle de zéro artificialisation, il est important que les démontages soient effectués. »


Un danger pour le milieu naturel et les sportifs

Au delà du désagrément visuel, Nicolas Masson explique que "cela constitue aussi et surtout un réel danger pour la faune avec des animaux pris dans les barbelés par exemple". Ces constructions représentent un danger aussi pour les habitants et les pratiquants de la montagne, avec des parapentistes qui peuvent par exemple être mis en danger par les câbles suspendus.


Cela fait 20 ans que l’ONG travaille sur la problématique des aménagements abandonnés en montagne avec une focalisation sur troix axes.


Recenser, Démonter, Sensibiliser

Un signalement d’installation obsolète ne signifie pas un démantellement dans la foulée. Nicolas Masson, administrateur bénévole de Mountain Wilderness, indique que le temps moyen pour que les locaux fassent le deuil de l’installation inusitée et que l’idée du nettoyage du site fasse son chemin, est de 10 ans en moyenne, selon les membres de l’association. « Il faut parfois du temps pour que le débat local mûrisse et nous mettons un point d’honneur à ce que tout soit fait dans les règles de l’art, que ce soit en termes de démarches administratives ou pour susciter l’intérêt."


L’idée n’est jamais d’aller contre ou en de passer en force, nous voulons que la démarche de l'association soit exemplaire

Nicolas Masson, administrateur bénévole de l'association Moutain Wilderness


Il arrive aussi que des désinstallations ne voient pas le jour faute de soutien local parce qu’une station peut par exemple être plus intéressée par la pérennisation de ce qui est encore en fonctionnement que par les parties abandonnées de son domaine.


Il raconte volontiers l’anecdote d’un projet de démontage de remontées mécaniques à Doucy en Bauges, en Savoie.


Pour obtenir les autorisations administratives requises pour un chantier, les bénévoles sont allés en mairie. Et à leur grande surprise, le maire ignorait alors qu’un téléski obsolète était toujours sur sa commune ! Il y a un gros travail de sensibilisation sur cette problématique des constructions « oubliées ».

e de l'association Mountain Wilderness


La problématique pyrénéenne

Pour effectuer les recensements, l’ONG se base notamment sur les témoignages qui lui sont apportés. Toutefois le massif des Pyrénées est moins peuplé et moins parcouru que ceux des Alpes et la densité de bénévoles y est moindre. Le recensement dans les Pyrénées est donc moins complet que celui des massifs alpins.


Dans les Pyrénées, il y a parfois plus de trous dans la raquette que de raquette elle-même. Il est plus difficile d’avoir des données chiffrées fiables dans les Pyrénées que dans les Alpes »

Nicolas Masson, administrateur bénévole de l'association Mountain Wilderness


Les chantiers y sont également beaucoup moins nombreux que dans les Alpes. Toutefois la plus grande station de ski abandonnée de France se trouve dans les Pyrénées. Puigmal avec ses 13 remontées mécaniques fermées et ses 15 km de cables.


Le dernier gros chantier dans la région Occitanie est celui effectué en 2019 dans le massif du Canigou, dans les Pyrénées-Orientales. Il s’agissait du démontage de clôtures agricoles sur une zone d’alpage et du nettoyage d’une cabane de berger abandonnée et de ses alentours. Une vingtaine de bénévoles ont participé à l’opération.


Des chantiers coûteux et de grosse envergure

Depuis 2001, Mountain Wilderness a débarrassé les montagnes de plus de 500 tonnes de déchets à l’occasion d’une cinquantaine d'opérations. Des chantiers d’ampleur, à la fois en amont puis sur le terrain, réalisés pour la plupart en altitude.


Ces opérations ont évidemment un coût pris en charge à la fois par l’association, les collectivités locales et les propriétaires des aménagements abandonnés. Le coût moyen d’un chantier de démantèlement de remontées mécaniques par exemple tourne autour des 10 000€, ce qui comprend les outils et moyens humains nécessaires, ainsi que le coût de la sécurité pour de telles opérations.


Une armée de bénévoles qui ne demande qu’à être renforcée

L'ONG ne manque pourtant pas de bras pour participer à ces chantiers partout en France. Carmen Grasmick, de l’association Mountain Wilderness, dénombre 400 bénévoles tous projets confondus. L’an dernier ce sont 150 bénévoles qui sont intervenus pour aider spécifiquement sur la campagne Installations Obsolètes.


Entre 2001 et 2021 Mountain Wilderness France a participé à 11 chantiers de démontage, concernant 21 remontées mécaniques parmi lesquelles 5 téléskis ont été démontés entièrement par des bénévoles.

Les chantiers qui requièrent le plus de bénévoles ne sont étonnamment pas les démantèlement de remontées mécaniques comme on pourrait le penser. Mais celui des installations militaires qui peut représenter des dizaines et dizaines de kilomètres de fils barbelés à ôter sur les crêtes frontalières. Les montagnes des Pyrénées sont moins concernées que celles des Alpes où 200 tonnes ont déjà été retirés par les bénévoles.


L'assocation fait volontiers appel aux yeux vigilants des randonneurs lors de leurs prochaines sorties en montagne. La base de données actuelle est interactive et accessible de tous sur le site de Mountain Wilderness et les signalements peuvent être faits sur le site installationsobsolètes.org


Les prochains chantiers prévus auront lieu fin mai 2021 dans le Jura, début juin dans les Cantal et au début de mois de juillet dans les Alpes du Sud.

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