Savoie : un village des Sybelles condamne ses remontées

"On est en danger absolu" : l'avenir incertain d'une petite station de ski en Savoie, entre déficit et manque de neige

La station de ski de Saint-Colomban-des-Villards est en grande difficulté. En déficit chronique, elle risque de fermer sa liaison avec le vaste domaine des Sybelles dès cet hiver. Un collectif de riverains se bat pour son avenir, craignant la mort de la vallée.

Sous le soleil d'été, la station de Saint-Colomban-des-Villards (Savoie) semble paisible. Le village de la vallée des Villards, non loin de la Maurienne, a fait le plein de vacanciers amoureux de la montagne au cœur du mois d'août.

Mais la saison hivernale s'annonce beaucoup plus incertaine. La petite station perchée à 1 100 mètres d'altitude, porte d'entrée du vaste domaine des Sybelles, est en déficit chronique. Si la commune recourait à des subventions d'équilibre depuis près de 30 ans pour combler ce déficit, la situation s'est plus que dégradée.

"Il s'avère qu'en 2025, le déficit n'est de plus de 600 000 euros (comme les années précédentes), il est de 1,2 million sur un budget de la commune qui fait 2,7 millions. Donc on a quasiment la moitié du budget qui alimente le domaine skiable", souligne le maire (SE) de Saint-Colomban-des-Villards, Pierre-Yves Bonnivard. Pourtant celui-ci oublie de signaler que ce déficit est bien moindre que les impôts locaux payés par les résidents secondaires qui vont disparaître à l'issu de cette décision ...

Des dépenses de plus en plus questionnées en raison du réchauffement climatique et de la baisse d'enneigement à moyenne altitude, invoque l'édile. "On fait tout pour éviter la fermeture totale du domaine skiable", assure-t-il, se disant optimiste alors que la station cumule les difficultés.

La station de ski de Saint-Colomban-des-Villards, en Savoie, est en grande difficulté. Perché à 1 100m d'altitude, le domaine manque régulièrement d'enneigement. Le dossier va se retrouver devant le tribunal administratif de Grenoble, un collectif de riverains voulant croire en son avenir.

Fermeture de l'accès aux Sybelles

Son exploitant actuel, la SSDS (Savoie stations domaines skiables), ne prolongera pas au terme du contrat qui prendra fin le 30 novembre. La commune devrait donc reprendre en régie l'exploitation de son domaine skiable en réduisant la voilure. La petite station risque ainsi de fermer sa liaison avec les Sybelles, quatrième domaine skiable de France, dès cet hiver.

Une décision que la chambre régionale des comptes appelle de ses vœux dans un avis de contrôle budgétaire rendu en 2024. Celle-ci recommande à la commune de s'engager "dans un processus de réduction des coûts du domaine skiable" et d'envisager "la fermeture de tout ou partie des équipements". En cause, le "caractère structurellement déficitaire" du budget annexe alloué aux remontées mécaniques.

De la station de Saint-Colomban-des-Villards ne resterait alors qu'un petit domaine dédié aux débutants. "Ce qui va se passer, c'est que personne ne va venir, craint Olivier Morange, responsable de la résidence Les Chalets de Belledonne. On a eu déjà des annulations. Les gens qui viennent, ils ont une semaine, ils veulent profiter. On est à 150 mètres des pistes, des remontées qui emmènent jusqu'à 2 400 mètres. Vous voyez la différence entre prendre sa voiture deux heures par jour ou faire 150 mètres à pied."

Le tribunal administratif saisi

Certains habitants redoutent que cette décision ne signe la mort de la vallée. "Sans l'activité ski, la commune va dépérir, les commerces vont tous fermer, l'école va fermer aussi. On est en danger absolu. (...) Ça ne peut pas fonctionner avec ce qui est prévu parce que l'offre est beaucoup trop réduite", alerte Jacques Maurino, représentant d'un collectif d'habitants, parlant d'une "situation dramatique".

On est au mois d'août et on ne sait pas ce qui va se passer dans quatre mois.

Cécile Le Goff, épicière à Saint-Colomban-des-Villards

L'absence de skieurs en grand nombre l'hiver prochain serait un manque à gagner pour les commerçants de la station, eux aussi inquiets pour l'avenir. "Ça fait peur parce qu'on ne peut pas se projeter. Quand on est arrivé, on pouvait se projeter sur trois ans par exemple, alors qu'aujourd'hui, on est au mois d'août et on ne sait pas ce qui va se passer dans quatre mois", souffle Cécile Le Goff, épicière, dont la saison hivernale représente 20 % du chiffre d'affaires.

Les défenseurs de la station gardent espoir et restent dans l'attente de la décision du tribunal administratif de Grenoble, saisi par la préfecture de la Savoie qui demande l'annulation de la dernière subvention d'équilibre allouée aux remontées mécaniques. Quelle que soit la décision, la saison prochaine devrait être assurée sur un domaine skiable réduit.