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Photo du rédacteurArcs 1800

Réchauffement climatique : le "sang des glaciers" menace-t-il nos montagnes ?


Chaque printemps, la neige des massifs montagneux se teinte de rouge par endroit.

La faute à la prolifération d'algues, de l'espèce Sanguina, aussi appelée "sang des glaciers".


Des micro-organismes mal connus qui font fondre la neige et semblent de plus en plus présents avec le changement climatique.


Le phénomène est bien connu des habitants en montagne, mais encore mal documenté par les scientifiques. Chaque année, au printemps, il est possible de voir certains glaciers et autres neiges toujours présentes en altitude se colorer en rouge sang. Un phénomène dû à des micro-algues appartenant à l'espèce Sanguina, aussi appelée "sang des glaciers". Des micro-organismes de quelques millièmes de millimètres qui utilisent les couleurs rouge ou orange pour se protéger des fortes luminosités et se multiplier, mais dont les mécanismes semblent encore mal connus.


D'où vient Sanguina ?

Malgré sa couleur rouge vif qui intrigue les montagnards depuis l'Antiquité, Sanguina fait partie de ces algues unicellulaires d'altitude très mal connues des spécialistes. Depuis 2021, une équipe de chercheurs basés à Grenoble et regroupés au sein du consortium Alpalga, tente de mieux la comprendre. Selon les connaissances, il s'agit d'organismes de très petite taille qui "prolifèrent grâce à la photosynthèse" où ils captent le CO2 lorsqu'ils sont exposés à la lumière. Et le sang des glaciers a colonisé de nombreux espaces, des écosystèmes situés entre 1000 et 3000 mètres d'altitude dans les montagnes alpines aux régions Arctique et Antarctique.


Il semble que l'algue vive dans la terre l'hiver pour se développer sur la neige lorsqu'elle commence à se réchauffer. Mais l'étude d'Alpalga devra confirmer ces données, alors que de nombreuses questions restent en suspens autour de Sanguina : que devient-elle l'été et l'hiver ? Et comment résiste-t-elle aux conditions de température et d'ensoleillement extrêmes ?


Un danger pour les glaciers ?

Si la micro-algue intrique autant les scientifiques, c'est qu'elle semble être liée au changement climatique dû aux activités humaines. Car contrairement aux écosystèmes de montagne, particulièrement fragiles face à ces dérèglements, ces micro-organismes pourraient en bénéficier. Ils vivent, entre autres, du CO2, principal gaz à effet de serre. Plus il est présent, plus ils se développent, selon l'hypothèse de travail des chercheurs. D'ailleurs, en montagne, la multiplication du sang des glaciers est observée par les locaux. Une donnée qui pourrait déstabiliser les écosystèmes, mais aussi accélérer "certains effets négatifs sur certains environnements, en particulier les glaciers", alertent les scientifiques comme la fonte des neiges, la couleur rouge absorbant la chaleur au contraire du blanc qui le réfléchit via ce que l'on appelle l'effet d'albédo.


Des névés de plus en plus rouges qui pourraient inscrire dans les paysages alpins du printemps le changement du climat qui va bouleverser toute la planète dans les décennies à venir. Encore faut-il pouvoir prouver ce lien scientifiquement. C'est pourquoi Alpalga a lancé un projet participatif pour mieux documenter le "monde microscopique qui peuple la neige". Le consortium appelle ainsi tous les amateurs de montagne à prendre en photo, du 1er mai 2023 au 30 avril 2024, les neiges colorées qu'ils pourraient rencontrer en notant la date et les coordonnées GPS de la découverte.


Les résultats de ce projet seront présentés à l'automne 2023 pour tente de mieux décrire ce "sang des glaciers" qui intrigue les scientifiques avant "que les choses ne changent trop vite et qu'on ne puisse plus les comprendre", alertent les chercheurs.

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