Frédéric Charlot, Breton expatrié en Savoie, droit dans ses bottes et ses skis, aborde un nouvel hiver à la tête d’Arcs domaines skiables (ADS) avec une météo au beau fixe malgré les défis, crise énergétique comme réchauffement climatique.
Comment s’annonce cette nouvelle saison ?
« La fréquentation aux Arcs devrait être très correcte sauf la deuxième quinzaine d’avril, comme l’année dernière. L’été ayant été excellent, l’un dans l’autre, cela va faire une bonne année avec un chiffre d’affaires et une fréquentation en hausse. »
Le nombre de skieurs augmente, mais pas la taille des pistes, est-ce qu’il n’y a pas un problème de saturation ?
« Effectivement, il y a quatre semaines chargées (trois en février) et celle du jour de l’An. Les pistes sont limitées, les remontées mécaniques de plus en plus performantes qui absorbent largement les skieurs. Nous avons travaillé sur les espaces de repos, des terrasses, un muséum des animaux de montagne, des fresques lumineuses, une tyrolienne. Les visiteurs se répartissent mieux et pratiquent d’autres activités que le ski. »
C’en est fini cette année du train des neiges, qui reliait Londres à Bourg-Saint-Maurice, craignez-vous un impact sur les skieurs britanniques ?
« La Compagnie des Alpes (c’est-à-dire nous) n’a pu trouver les trains nécessaires pour reconduire l’opération. Mais nous avons lancé un nouvel appel à candidature aux compagnies ferroviaires européennes pour le remettre en place l’année prochaine. Il reste certain que cela nuit à la clientèle britannique. »
Et le Brexit ?
« Nous n’en sentons pas trop de conséquences. Ce qui est important pour les Britanniques, c’est l’accessibilité et celle-ci peut être encore améliorée. Clairement, pas assez de trains n’arrivent à Bourg-Saint-Maurice. »
Quel effet a eu la crise énergétique sur d’ADS ?
« En 2023, le prix de l’électricité a été multiplié par dix, par rapport à 2018. Cette année, il devrait être multiplié par quatre toujours par rapport à la même référence : c’est encore beaucoup. ADS faisant partie d’un groupe coté, je ne commenterai pas les résultats. En revanche, nous garderons les réflexes de l’année dernière : supprimer les remontées mécaniques en doublon ou de les ralentir pendant les périodes creuses. »
Comment ADS vit la fin des forfaits “gens du pays” ?
« Nous avons baissé de 40 % le forfait saison, et en avons vendu deux fois plus. À ce sujet, les propriétaires des Arcs doivent être contents ! Ensuite on a vendu d’autres forfaits, un jour sur sept et deux sur sept, qui permettaient aux travailleurs finalement par semaine de skier toute la saison. Selon moi, nous avons répondu à la problématique. »
Quelles nouveautés cet hiver ?
« Cette année, nous avons fini la première partie des travaux du Transarc et l’été prochain, nous aurons terminé son remplacement. Nous avons aussi une nouvelle terrasse sur Peisey-Vallandry au sommet du 2300 et créé Les Géants de Malgovert, une aire de jeux pour enfants été/hiver sur la piste Mont Blanc. »
Vous continuez d’investir dans les remontées mécaniques mais plus sur l’Aiguille rouge ?
« Nous n’allons pas arrêter le ski sur l’ Aiguille rouge, mais cesser de nous acharner pour conserver une piste rouge. Elle passe en noire dès cette année. Nous conservons les installations qui ont été faites dessus, mais nous savons très bien que dans les années à venir, tout va bouger avec la fonte du glacier qui crée des mouvements géotechniques. Nous envisageons d’en faire un territoire de ski un peu sauvage. Il y aura toujours une piste, elle sera difficile donc noire et non damnée. »
Mais pourquoi cette piste devient-elle noire ?
« Nous avons tout fait pour la maintenir en rouge le plus longtemps possible en faisant des travaux, en allant mettre des pelles pour arranger les virages. Aujourd’hui c’est fini, nous ne faisons plus d’acharnement thérapeutique. »
Comment voyez-vous l’avenir ?
« Aux Arcs, avec la chance d’être en altitude, à plus de 1 600 mètres, nous conserverons de la neige en hiver. Il est certain que les débuts de saison, nous le voyons bien avec la pluie, seront plus problématiques. Nous faisons de plus en plus de télécabines pour emmener les skieurs en altitude. Nous n’envisageons pas la fin du ski, nous nous adaptons. »
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