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  • Photo du rédacteurArcs 1800

Isère : Pont-en-Royans, porte du maquis du Vercors, se dévoile en été


Le village médiéval de Pont-en-Royans et ses maisons suspendues sont l'une des attractions touristiques du département de l'Isère


Sur les contreforts du Vercors, Pont-en-Royans affiche sa singularité avec ses maisons suspendues au-dessus de la Bourne. Lieu de passage depuis toujours, la commune de l'Isère se dévoile aussi bien au fil de l'eau qu'en prenant de la hauteur, pour découvrir toutes les facettes de son histoire millénaire.


Un bandeau de murs pastel, dans les tons de rose, de jaune et de blanc surplombant les eaux vertes de la Bourne, entouré de roches calcaires et de forêts. Pont-en-Royans offre son paysage de couleurs, sur la route d'accès au massif du Vercors. La commune de moins d'un millier d'habitants voit sa fréquentation dopée l'été grâce à son patrimoine naturel et à ses curiosités architecturales, à l'instar de ses fameuses maisons suspendues.


Elles ont été construites, à même la roche, entre le XVe et le XVIIe siècles pour répondre à un besoin d'espace, dû à une "forte poussée démographique". "On a un surplus de population et donc le village qui, jusque-là, était situé d'un seul côté de la rivière, va très vite passer de l'autre côté, avec le quartier de Villeneuve, le quartier du Merle et on va creuser la falaise, aussi, pour faire les maisons suspendues", explique Justine Barbier, guide à l'office de tourisme Saint-Marcellin Vercors Isère.


Haut-lieu du commerce du bois

"C'était aussi pour favoriser le commerce du bois, parce que beaucoup de bourgeois qui habitaient ces maisons faisaient aussi le commerce du bois", poursuit-elle. "Ils voyaient ainsi leurs troncs de bois passer sur la rivière au pied des maisons et c'était donc un moyen de surveiller leurs marchandises", indique-t-elle. Du reste, les balcons en encorbellement ont été réalisés en bois, issu de la région.


Au XIXe siècle, Stendhal arrive un peu par hasard dans ce village "placé là, au bout du monde, tout à fait contre un rocher à pic", écrit-il dans ses Mémoires d'un touriste, parues en 1838. "Les maisons sont blanches, fort petites et couvertes d'un toit fait avec des pierres blanches. Tout cela se détache sur un rocher gris foncé tirant sur le rouge. Rien de plus singulier", détaille-t-il.


Car, à l'époque, les maisons sont en effet couleur pierre. "Les maisons suspendues, à l'origine, n'étaient pas colorées", explique Justine Barbier. "Ce n'est que dans les années 1980 qu'il y a eu un important programme de restauration des maisons et on a décidé de les colorer, cela leur donne un peu un air des 'Cinque Terre' en Italie, c'était volontaire pour leur donner un air du sud", dit-elle.


La rivière et ses usages... décrits par Stendhal

C'est aussi dans les années 1980 que sont créées les berges, pour permettre aux habitants de profiter de l'eau fraîche de la Bourne. "Une rivière célèbre dans le pays par la transparence et la beauté de ses eaux", notait Stendhal.


Jusqu'au début des années 1980, les usages de la rivière étaient bien différents. On ne s'y baignait pas, mais on y pêchait. La population se servait aussi du cours d'eau pour d'autres pratiques quotidiennes, comme le note encore l'écrivain grenoblois lors de son périple.


"Le long de chaque maison on aperçoit certains petits tuyaux qui descendent jusque dans la rivière, et, ce qui est plus singulier, on voit tout à côté, sur les fenêtres, de nombreux petits seaux en bois, suspendus chacun à une chaînette de fer passant sur une poulie, et à chaque instant, avec ces petits seaux les habitants, sans avoir de mauvaises pensées, puisent dans la rivière l'eau dont ils ont besoin", écrit-il dans Mémoires d'un touriste. Stendhal a bien compris que la Bourne sert de déversoir pour les latrines des maisons.


"Il dit avoir pêché et mangé d'excellentes truites", raconte Justine Barbier "mais avoir bu du vin et non l'eau de la rivière", dit-elle dans un sourire.


"Un lieu de passage très fréquenté depuis au moins mille ans"

Le village médiéval a d'autres quartiers remarquables, jalonnés de pistes et d'indices pour comprendre l'histoire de ce site.


"On a le quartier du Merle. Je dis toujours que c'est le plus beau quartier du village parce que c'est là que je vis", indique une autre guide touristique avec malice. "C'est le quartier qui a toujours été sur un chemin de passage vers Sainte-Eulalie, Saint-Laurent. Il était habité autrefois par des artisans, il y avait le charron, le forgeron, etc.", décrypte Xaviera Bogaczyk.


"C'est un quartier depuis lequel on a une vue magnifique sur le village et on voit la Bourne en contre-bas et on peut deviner l'endroit le plus resserré des gorges avec le pont du Royans, qui permettait de franchir la rivière et qui permettait de passer de la plaine à la montagne. C'était un lieu de passage très très fréquenté depuis au moins 1000 ans", raconte-t-elle.


Des chamois au détour des sentiers

Xaviera Bogaczyk nous invite à prendre de la hauteur, pour rejoindre, dans un premier temps, le belvédère de la Croix.


"C'est un lieu très apprécié parce que ça nous permet de prendre de la hauteur. Plus on grimpe, plus on découvre des petits sentiers, des petites cabanes, et quand on monte ici la vue commence à se dégager et on comprend un peu mieux comment le village a été formé", insiste-t-elle.


"Plus on monte, moins on fait de bruit et plus on peut tomber sur des petits chamois, éventuellement on peut voir des bouquetins de l'autre côté, on a aussi de petites surprises. C'est pour cela que l'on monte", continue la guide ponténoise.


Le paysage s'ouvre également au-delà de Pont-en-Royans "sur les maisons de la cité EDF de Sainte-Eulalie-en-Royans", et sur les monts du Matin.


Les plus courageux grimperont également jusqu'au site des trois châteaux où "la vue est superbe, on peut voir les gorges de la Bourne avec la route qui serpente et c'est magnifique", se réjouit notre guide.


Porte d'entrée du maquis du Vercors pour la Résistance

De la bâtisse, il ne reste que des vestiges ancrés sur leur rocher dominant la vallée, à 1000 mètres d'altitude. "C'est le lieu où les seigneurs du Royans surveillaient leurs terres. La devise des seigneurs du Royans, c'était : 'j'en ai la garde du pont', donc l'idée c'était vraiment de surveiller ce qui entrait et sortait par le pont du Royans", décrypte Xaviera Bogaczyk.


Et cette position naturelle a fait de Pont-en-Royans un lieu de passage et de rencontres idéal durant la Seconde guerre mondiale. "Le village a été utilisé comme passerelle pour le maquis. Il y a des cafés qui ont été identifiés comme des lieux de rassemblement de résistants, ou en tout cas de lieu de réunion", explique la guide. "Il y avait pas mal de résistants qui ont pris le maquis par Pont, parce que, par Pont, on pouvait prendre les sentiers et partir dans les maquis du Vercors".


Une histoire riche et un visage coloré qui font de Pont-en-Royans, l'un des sites les plus visités du département de l'Isère.

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