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Du Mont-Blanc aux Rocheuses du Colorado, cinq romans dans l’ambiance des belles stations de montagne



Après l’arrêt brutal de la saison de ski mi-mars et en espérant gambader bientôt sur les sentiers, voici une sélection de fictions à (re)lire pour s’évader en prenant de l’altitude à Chamonix, Val-d’Isère, Crans-Montana, Zermatt et Aspen. Ressortez donc ces livres qui dorment dans votre bibliothèque. Ou téléchargez-les en fichier numérique. Histoires d’hier ou d’aujourd’hui, saison d’hiver ou saison d’été, happy end ou non, chacune vous emmène dans une station des Alpes, françaises et suisses, ou les Rocheuses d’outre-Atlantique. Air pur et paysages grandioses garantis. À Chamonix avec Premier de Cordée de Roger Frison-Roche Premier de cordée a permis à Roger Frison Roche, un non Savoyard, d’être totalement accepté au sein des guides de haute montagne. C’est le premier titre qui vient à l’esprit dès qu’on parle de roman avec la montagne pour décor. En l’occurrence, la haute montagne : le massif du mont-Blanc dans toute sa splendeur. Très vite d’ailleurs, on se retrouve en altitude, dans la vertigineuse paroi des Drus, où l’orage surprend une cordée de trois alpinistes. Le guide est foudroyé. On y remonte ensuite avec son fils parti chercher le corps de son père. Il dévisse, s’en sort mais sa blessure à la tête l’a rendu sujet au vertige. Lui qui rêvait d’intégrer la Compagnie des guides de Chamonix va devoir trouver la voie pour vaincre ce malaise dont il a honte. Hymne à la montagne magnifiquement décrite, flash-back sépia dans le Chamonix des années 1930 où le tourisme et la vie rurale se côtoient, ce roman culte pour des générations d’amateurs d’abîmes est une histoire née de l’Histoire. C’est en effet pendant la guerre qu’elle est parue, sous forme de feuilleton dans Les Dernières Nouvelles d’Alger. En cette fin 1940, six mois après la défaite de l’armée française, le directeur du journal demande à son reporter-vedette d’écrire des articles exaltant le courage et susceptibles de redonner espoir à la jeunesse. Le journaliste Roger-Frison Roche préfère imaginer une série montagnarde dans le milieu des guides de Chamonix qu’il connaît bien – il est lui-même membre de leur Compagnie. Puis il envoie, riche idée, son manuscrit à l’éditeur grenoblois Benjamin Arthaud qui le publie en 1942. Dans la foulée, le cinéaste Louis Daquin décide d’en faire un film. Tourné à Chamonix, en extérieurs, le film sort début 1944. Et c’est dans la cabine de projection du cinéma d’Aix-les-Bains rempli de soldats et officiers de la Wehrmacht que Roger Frison-Roche, revenu depuis en France, entré dans la Résistance et recherché par les Allemands, assiste discrètement à la première projection. Premier de cordée de Roger Frison-Roche, J’ai Lu, 320 pages, 7,40 € (disponible en version numérique). À Val-d'Isère avec Nuits sur la neige de Laurence Cossé Val-d'Isère, royaume du grand ski aujourd'hui avec 90 remontées mécaniques et 131 pistes. En marge de l’histoire – l’amitié entre deux jeunes gens, internes en classe préparatoire à Versailles – on découvre dans ce roman récent (2018) les plaisirs (et les dangers…) du ski de printemps, grande spécialité avaline déjà connue des initiés en cette fin d’hiver 1936. Le village de haute Tarentaise commence tout juste à pointer le bout des spatules sur la planète ski. Ici, ni palaces, ni dancings, ni vie mondaine comme dans les grandes stations suisses, rien que des petits hôtels rustiques ouverts depuis peu au milieu des fermes mais de la neige à profusion jusqu’en mai. On se couche tôt pour être en forme le lendemain car s’il fait grand beau, on montera à peaux de phoque le plus haut possible pour s’offrir une belle descente. Déjà très sportif et champion de glisse, ce Val-d’Isère d’autrefois, quand les « domaines skiables » n’existaient pas, venait d’installer sa toute première remontée mécanique, le téléski du Rogoney (un télésiège aujourd’hui). Il desservait une minipiste de quelques centaines de mètres, si bien que les skieurs émérites, comme nos deux compères, ne l’utilisaient que pour se mettre en jambes avant d’attaquer les pentes vierges. Nuit sur la neige de Laurence Cossé, éditions Gallimard Folio, 176 pages, 6,90 € (disponible en version numérique). À Crans-Montana avec Crans-Montana de Monica Sabolo À 1500 m d'altitude, la Suissesse Crans-Montana se dore au soleil - 300 jours par an, dit-on - sur son balcon plein sud, le «Haut-Plateau», perché au-dessus de la vallée du Rhône. Ambiance sixties, vintage à souhait dans l’histoire de cette jeunesse dorée, française et italienne, qui se retrouve chaque hiver et chaque été dans la très chic station suisse tandis que leurs parents, propriétaires de luxueux chalets, orchestrent des fêtes où le champagne coule à flots. Ski, piscine, discothèques…, le souvenir de ces vacances poursuivra les jeunes personnages pendant trois décennies, jusqu’à ces années 1990 où le rendez-vous de la jet-set et du showbiz sombra dans la léthargie. Rénovations et ouvertures d’hôtels en rafale, compétitions de ski et de golf, festivals de musique techno et de gastronomie… Le réveil de Crans-Montana a sonné il y a quelques années. En 2015, heureux hasard, le roman à son nom est arrivé à point nommé pour saluer le nouveau départ de la station. Crans-Montana de Monica Sabolo, édition Pocket, 192 pages, 6,95 € (existe aussi en version numérique). À Zermatt avec Matterhorn de Joseph Peyré Depuis cent cinquante ans, les habitants de ce grand village suisse composent avec le sommet star auquel ils doivent la notoriété et la prospérité de leur station. À la fin des années 1930, Kate Bergen, une jeune femme de la bonne société bâloise, arrive, seule, au début de la saison d’été à Zermatt. Elle engage le guide Jos-Mari pour l’entraîner à l’alpinisme dans le but de gravir le Cervin (Matterhorn en suisse allemand, nous sommes dans le haut Valais alémanique) avec son mari qui doit la rejoindre mais dont elle attend désespérément les lettres. Ceux qui connaissent la station suisse retrouveront leurs marques dans ce roman paru en 1939 : le petit train à crémaillère qui dessert le village interdit aux voitures, le musée alpin (agrandi et un brin trop scénarisé il y a une dizaine d’années) et ces hôtels de luxe restés des institutions, tel celui où l’héroïne est descendue, le Mont-Cervin, toujours propriété de la famille Seiler. On (re)découvre aussi, en fond d’écran, l’omniprésence du « caillou », ainsi que les Zermattois appellent leur sommet phare qui tient ici le rôle-titre. Sa tragique conquête, en 1865, qui assura paradoxalement le succès touristique du village, revient comme un leitmotiv tout au long du livre. Le Cervin y est décrit comme une montagne vivante. Or c’est exactement ce qu’on éprouve à Zermatt : l’étrange sensation, même quand on lui tourne le dos, d’être observé en permanence par le beau monstre de 4 478 m d’altitude. Matterhorn de Joseph Peyré, éditions Grasset les cahiers rouges, 266 pages, 12,90 € (existe aussi en version numérique). À Aspen avec Bien frappé de Carol Higgins Clark Comme beaucoup de stars, Gwyneth Paltrow est une grande fan de la station de ski nichée discrètement au pied d'Aspen Mountain. Sans prétention et fort distrayante, cette intrigue policière imaginée par la fille de Mary Higgins Clark met en scène une détective sur la piste de voleurs de tableaux dans l’une des stations les plus huppées des États-Unis et de toute la planète ski : Aspen, Colorado. Et en cette période de fêtes de fin d’année, du beau monde, il y en a sur les pistes des Rocheuses où la neige tombe à gros flocons, dans les boutiques de luxe, les restaurants branchés, les chalets XXL… Bref, on s’amuse beaucoup dans ce roman délicieusement loufoque paru en 1995 (1996 pour la traduction française). Mais on y apprend aussi, grâce à Géraldine, une vieille dame richissime aux allures de Calamity Jane, l’étonnante success story de cette petite ville, racontée d’ailleurs à Wheeler-Stallard House, le musée local aménagé dans une maison d’autrefois. Car, bien avant de devenir le rendez-vous des grandes fortunes, l’endroit attira d’abord ceux qui cherchaient la leur dans les mines d’argent. Celles-ci épuisées à la fin du XIXe, Aspen se vida progressivement au point de ne plus compter que 700 habitants en 1930, contre dix fois plus aujourd’hui. Sans doute serait-elle devenue l’une de ces villes fantômes qui hantent le far west, sans sa reconversion dans le tourisme après la dernière guerre. Et c’est également ici qu’en 1950, furent fondés ici Les instituts Aspen, un réseau international d'échanges et de réflexion dans le but, non lucratif, d'«encourager l’ouverture sur le monde, la prise d’initiative et l’exercice des responsabilités au service du bien commun. » Une mission plus que jamais d’actualité. Bien frappé de Carol Higgins Clark, Le Livre de Poche, 320 pages, 6,60 € (existe aussi en version numérique).

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