Chamonix : les travaux monumentaux du téléphérique des Grands Montets

Près de 150 ouvriers se relaient, depuis 2024, sur le chantier de la gare d'arrivée du téléphérique des Grands Montets, au-dessus de Chamonix (Haute-Savoie).

Débutés en 2024, les travaux du téléphérique des Grands Montets, au-dessus de Chamonix (Haute-Savoie), se poursuivent. À 3 300 mètres d'altitude, près de 150 ouvriers se relaient sur ce "chantier unique" face au mont Blanc.

De la vallée de Chamonix, l'imposante grue se distingue au loin, en train de manœuvrer sur une fine arrête. Depuis 2024, d'importants chantiers sont en cours pour reconstruire le téléphérique des Grands Montets, perché à 3 300 mètres d'altitude dans le massif du Mont-Blanc.

En 2018, un incendie avait ravagé la gare aval de la télécabine de Lognan, située bien plus bas dans la vallée. Les dégâts étaient tels qu'il a fallu tout reconstruire, soit quatre nouvelles gares pour acheminer le public au sommet.

Sous l’ancienne gare d’arrivée du téléphérique, face au mont Blanc, 15 000 mètres cubes de roche ont déjà été minés pour faire place au futur terminus. La structure, imaginée par l’architecte star Renzo Piano, commence à sortir de terre après quelques mois de travaux. Ce cube de verre sera censé symboliser les cristaux du massif du Mont-Blanc.

"Ce qu’il y a de titanesque, c‘est que ces travaux sont à 3 300 mètres d’altitude en face nord. Il faut se rappeler qu'à cet endroit, il n'y avait pas d’eau, pas d’électricité et pas de voie d’accès. Donc ça, c’est unique. On est sur un site où l'on peut travailler trois mois par an à cette altitude", raconte Mathieu Dechavanne, président-directeur général de la Compagnie du Mont-Blanc, en charge des travaux.

Au total, 150 ouvriers se relaient sur ce chantier. "C'est un cadre idyllique. Ce n'est pas facile tous les jours. On ne va pas se mentir. Il y a du froid, du vent, de la pluie et de la grêle. Ce n'est pas évident tous les jours. On fait au mieux, mais on adore ça", raconte Antonio, artificier et chef d'équipe.

Walid, lui, est minier-conducteur d'engin. Originaire de Sochaux, il passe ses derniers jours sur ce chantier : "C'est un chantier unique. C'est la première fois que je fais ça, à une telle hauteur. À 3 300 mètres, c'est plus compliqué, la respiration est plus difficile, ajoute-t-il. Je suis là depuis le mois de mai. J'ai passé juin, juillet et août ici. Nous sommes comme une famille, il y a une bonne équipe et une bonne ambiance."

Le personnel est nourri et logé à 2 000 mètres d’altitude, non loin de la gare intermédiaire de Lognan où l’incendie s’était déclaré il y a sept ans à la suite de travaux d’étanchéité. Pour acheminer les ouvriers et les matériaux, deux remontées mécaniques provisoires ont été construites : "Près de 40 millions d’euros ont été mis en place pour la logistique. (Ces remontées) seront totalement démontées derrière. Il y avait une autre solution : l’hélicoptère. Mais, ça a un coût, un impact environnemental et cela comporte un risque. Quand la météo ne le permet pas, on ne monte pas les matières et on ne monte pas le personnel", explique Benoît Borrel, chef de projet pour la Compagnie du Mont-Blanc.

Ouverture prévue en 2027

Ouvert en 1963, le téléphérique des Grands Montets était l’un des joyaux du massif du Mont-Blanc, la porte d’accès au plus haut domaine skiable de la Haute-Savoie. D'ici octobre, le chantier va se mettre en sommeil avec l’arrivée de la neige, l’ouverture complète du téléphérique n’est pas prévue avant l’hiver 2027.

À terme, il fonctionnera dix mois par an pour les skieurs, les alpinistes et les simples visiteurs. "C'est probablement le plus grand chantier qui sera réalisé, au cours des prochaines décennies, sur Chamonix", détaille le maire de la ville, Eric Fournier (UDI). "On n'est pas ici sur un site où l'on fera uniquement du ski. Nous aurons un accès respectueux de cet environnement exceptionnel et qui permettra aux visiteurs de voir la beauté de ces grands paysages." Avec un panorama sur le toit de l'Europe et les mythiques montagnes du massif du Mont-Blanc.