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  • Photo du rédacteurArcs 1800

Privées de remontées, les stations de ski s’accrochent à la pente



Pour une fois que la neige est tombée à Noël, ce sont les skieurs qui ne vont pas venir, puisque l’État interdit l’ouverture des remontées mécaniques. Les stations s’emploient, comme elles peuvent, à limiter la casse…


«Touchée mais pas coulée. » Voilà comment l’Agence Savoie Mont-Blanc décrit la saison de ski 2020. Malgré une baisse prévisionnelle de 56 % de la fréquentation sur la période de Noël et Nouvel An (selon le dernier pointage de l’Observatoire Savoie Mont-Blanc – G2A ; mais les chiffres varient considérablement d’une station à l’autre), la structure, bien dans son rôle, y lit des signaux positifs pour la suite de la saison.


« Un quart des sondés sont décidés à partir à la montagne pendant les fêtes mais 48 % sont indécis, soit un français sur deux : il y a donc matière à faire pencher la balance favorablement. Surtout que deux tiers des sondés peuvent réserver seulement une semaine à l’avance, donc tout se joue en ce moment », analyse la responsable études et observations, Carole Duverney. Reste que les touristes ne pourront ni skier, ni se rendre au restaurant ou dans un bar. C’est officiel, les établissements sont fermés pour les fêtes et, selon Paul Duverger, président du GNI, comme pour Sébastien Buet, président de l’Umih des Pays de Savoie, ils ne devraient pas ouvrir le 7 janvier, en même temps que les remontées mécaniques.


« Il faudra au moins attendre le 20 », estime Paul Duverger. Certains feront-ils de la vente à emporter ? « Ceux qui auront vraiment besoin de travailler, mais c’est difficilement rentable », tempère Sébastien Buet. « C’est pareil pour le room service dans les hôtels : c’est extrêmement compliqué à organiser et pas forcément agréable pour les clients. Cela peut même être contre-productif sur le plan de l’image. En fait, tout dépendra du taux de remplissage. » Comprendre : s’il n’y a pas de client, tous les restaurants seront fermés… C’est pourquoi certains hôtels, notamment à Chamonix, offrent déjà aux touristes une chambre supplémentaire où prendre leur repas.


« Il y aura des morts »

Du côté du GNI, la partie est jouée. « Nous avons négocié des aides significatives et maintenant nous travaillons pour la fin de saison. D’ores et déjà, nous avons de grosses inquiétudes sur certaines structures. Lorsque les remboursements des prêts garantis par l’État vont commencer à tomber, il y aura des morts », avertit Paul Duverger. Reste, pour les touristes, la possibilité de se faire à manger eux-mêmes. La plupart des supérettes Sherpa seront ouvertes, assure la coopérative. Considérées commerces essentiels, elles n’ont d’ailleurs, pour l’instant, droit à aucune aide.


Qu’à cela ne tienne, les responsables des stations s’emploient à concocter un programme le plus alléchant possible pour ceux qui viendront. Tous valorisent, bien sûr, leurs espaces nordiques et leurs itinéraires pour raquettes, mais enrichissent le programme de propositions diverses. La station des Gets met en avant son parcours nocturne Alta Lumina, et propose piste de luge, cani-rando, motoneige électrique…


Chamonix, de son côté, compte sur son image de capitale de l’alpinisme, son réseau de boutiques… Via ferrata hivernale, plongée sous glace, ice floating (activité venant de Finlande qui consiste à de la relaxation dans un lac gelé) ou encore traîneaux à chiens sont possibles dans la limite de six personnes (accompagnateur compris) en Haute-Maurienne Vanoise.


Val Thorens offre, elle, la possibilité de balades en VTT électrique, de grimper une cascade de glace, et multiplie les activités pour enfants tous les après-midi. À l’évidence, les règles du jeu imposées cette fin d’année avantagent les stations villages, qui joueront la carte d’un Noël authentique, tandis que les « usines à ski » auront plus de mal à tirer leur épingle du jeu. Si les skieurs alpins font grise mine, les skieurs de fond, eux, se réjouissent. La saison n’a jamais si bien commencé. « Depuis cinq ans, nous voyons un nouveau public, de jeunes et de familles, découvrir les disciplines nordiques », explique Charlotte Allier, responsable communication de Haute-Savoie Nordic.


« Ces derniers week-ends, la fréquentation des sites a été excellente. On n’a jamais connu un mois de décembre comme celui-ci ! Cela nous oblige à porter notre effort sur la gestion des parkings ! » Le ski de randonnée, une pratique qui avait déjà le vent en poupe, est également plébiscitée… à condition d’être encadrée. De nombreux moniteurs s’y emploient. Accueillir du mieux possible les quelques touristes qui viennent est donc le challenge qu’ont à relever les stations. Mais toutes mobilisent le reste de leur énergie au vrai enjeu : être prêtes pour la réouverture des remontées mécaniques…


À l’évidence, les règles du jeu imposées cette fin d’année avantagent les stations villages, qui joueront la carte d’un Noël authentique, tandis que les « usines à ski » auront plus de mal à tirer leur épingle du jeu.


Un plan de 400 millions pour la montagne

Le 11 décembre, l’État a annoncé d’importantes mesures d’accompagnement. Ces derniers jours, les professionnels de la montagne – les sociétés de remontées mécaniques en tête – espéraient qu’on leur tende la perche pour une ouverture à Noël. En vain. Le Conseil d’État a mis un terme à leur voeu pieux en rejetant leur appel, pointant « l’objectif de sauvegarde de la santé publique ».


« Nous ne pouvons que le regretter. Le ski est la seule activité de plein air interdite. Dont acte. Pour l’écosystème montagnard et nos clients, c’est un déchirement », réagit Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF). Pour limiter la casse, Jean Castex a annoncé la réouverture des remontées mécaniques le 7 janvier, si la situation sanitaire l’autorise. Et surtout, l’exécutif a voté un plan d‘aide d’environ 400 millions d’euros. De quoi donner plus de visibilité aux professionnels.


Pour DSF, qui fédère 238 opérateurs : « Ce plan Marshall prend enfin en compte la spécificité montagne. Les exploitants de remontées mécaniques seront indemnisés à hauteur de 70 % de leurs coûts fixes, estimés pour décembre à 150 millions d’euros, mais aussi les moniteurs de ski, qui vont émarger au fonds de solidarité, et les commerçants en station (sport, alimentation…). »


Ces derniers, jusqu’alors laissés pour compte, recevront une indemnisation en cas de forte baisse de leur chiffre d’affaires, excepté ceux éligibles au Plan tourisme. Une compensation sera également allouée aux communes. « En cela, ce dispositif est totalement innovant et territorialisé. Le gouvernement a enfin pris la mesure du désastre », conclut Laurent Reynaud, qui souligne le travail mené avec les élus.

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