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Pourra-t-on encore skier après 2030 ?

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023























Le réchauffement climatique s’accélère et les Etats ne semblent pas enclins à déclarer l’urgence climatique ! Face à la forte extinction des espèces annoncée, c’est peut-être le skieur alpin qui disparaîtra le premier des pentes de nos montagnes. Une récente étude du Centre d’Études de la Neige et de l’ISTEA relayée par Skipass.com analyse les effets du réchauffement climatique sur la viabilité des stations de ski à l’horizon 2030-2050 et 2080-2100. Si à la fin du siècle, seules 24 stations des Alpes seraient viables, grâce un usage important de neige de culture, le futur proche pourrait voir les difficultés s’annoncer pour les premières stations de ski. Décryptage.


14 à 24 stations viables sans neige de culture à l’horizon 2030 – 2050

C’est dans un futur proche que les difficultés pourraient s’annoncer réelles pour les stations de ski. En effet, même en utilisant de la neige de culture, 45 à 75 stations seraient en difficultés dans un avenir proche (2030-2050). Ces stations, situées à altitude moyennes, se retrouvent surtout dans les Pyrénées et les Préalpes (Chartreuse, Vercors, Préalpes du sud). Ainsi, dans le Vercors, la limite actuelle correspondant à 100 jours de neige naturelle damée se situe à 1700 mètres, 7 années sur 10. En 2030, cette limite se situerait entre 2030 mètres et 2140 mètres selon l’évolution des émissions de CO². La neige de culture permettrait toutefois de baisser cette limite altitudinale à 1030 mètres, toujours 7 années sur 10. Dès lors, l’avenir de ces stations consistera à n’ouvrir leur domaine skiable que les bonnes années, ou à diversifier leur activité. Poursuivre le modèle actuel reviendrait à équiper en neige de culture toutes les pistes situées en dessous de 2030 mètres.


Partout ailleurs, la neige de culture permettra aux stations de s’assurer, la majorité du temps, l’exploitation suffisante du domaine skiable damé. Les conclusions, bien entendu, ne s’intéressent pas aux possibilités du hors-piste, qui sera réduit mais restera existant quelques fois dans la saison d’hiver lors des chutes de neige. L’étude, déjà présentée dans le cadre des stations de l’Isère, précise également que les mauvaises années se rencontreront tous les 3 ans en moyenne, au lieu de tous les 5 ans actuellement.


Les petites stations seront les plus vulnérables au réchauffement climatique. Si toutefois elles mettent en place une gestion très réactive et peu capitalistique, elles pourraient développer un modèle dynamique ouvrant si les chutes de neige le permettent.


Plus que 24 stations viables en 2080 ?

A l’horizon 2080, les modèles ne sont pas optimistes en cas de hausse continue des émissions de gaz à effet de serre sur la période (scénario RCP8.5 du GIEC). Seules 24 stations, toutes situées dans les Alpes seraient viables, et uniquement avec l’utilisation de neige de culture ! Ainsi, en Maurienne, il faudrait monter à 2670 mètres pour avoir, 7 années sur 10, des conditions naturelles favorables à l’exploitation des domaines skiables. Dans le scénario le plus favorable du GIEC (celui où tous les Etats se mobilisent dès 2020 pour réduire les émissions de CO²), il faudrait tout de même monter au-dessus de 1950 mètres pour trouver des conditions naturelles favorables 7 années sur 10.


Dans le cadre de ce scénario le plus favorable, la situation s’améliorerait pour certaines stations. Quelques stations des Préalpes et des Pyrénées restent condamnées mais au global, le modèle du ski pourrait perdurer plus d’un siècle ! Toutefois, rien ne s’oriente vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le développement du ski impacte lui-même fortement le climat en déplaçant des populations à travers le monde via l’aérien et la voiture principalement ! Tous ces scénarios engagent les stations dans des investissements lourds et à nouveau producteurs de gaz à effets de serre. L’étude menée par le département de l’Isère pointait d’ailleurs une forte vulnérabilité économique de la majeure partie des stations du département au regard des investissements nécessaires pour diminuer (temporairement) leur vulnérabilité à l’aléa neige. Elle avait servi notamment à justifier la politique, menée avec la région Auvergne Rhône Alpes, de financements des infrastructures de neige de culture dans le département (retenues collinaires et canons à neige).


Toutefois, et c’est sans doute la crainte de nombreux professionnels du ski, la fin du ski viendra sans doute de l’érosion de la clientèle, bien avant la disparition des flocons. Les investissements en neige de culture vont en effet conduire à une hausse continue des tarifs du ski, déjà importants. En parallèle, plusieurs études pointent une désaffection des jeunes pour l’activité qu’ils trouveraient “ringarde”. Plusieurs instituts, dont le CREDOC, ont également mis en avant la baisse des clientèles familiales françaises en février, liée au coût de plus en plus important d’un séjour au ski. Notons toutefois une relative stabilité des journées-skieurs depuis 10 ans, ce qui traduit une certaines vitalité de la demande jusqu’alors quand on sait que les forfaits de ski prennent 3% à 5% chaque année.




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