
Showman, entrepreneur, passage éclair en politique... Cinq choses à savoir sur Edgar Grospiron, futur "patron" des JO d'hiver 2030
L'ancien champion olympique de ski de bosses Edgar Grospiron va prendre la tête du comité d'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2030. Voici cinq choses à savoir sur ce Haut-Savoyard entré dans la légende olympique, et futur "leader" des JO dans les Alpes.
Il sera le visage des Alpes françaises 2030. Edgar Grospiron, 55 ans, va prendre la tête du comité d'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2030, dont le lancement aura lieu mardi 18 février à Lyon.
L'ancien champion olympique de ski de bosses faisait figure de favori parmi la dizaine de candidatures reçues après le retrait de Martin Fourcade. Showman des pistes, "bosseur" devenu conférencier, voici cinq choses à savoir sur le futur patron des Jeux d'hiver 2030.
Showman des pistes
Pantalon coloré flashy et pull multicolore : il dénotait avec ses tenues vestimentaires à la mode des années 1980. Edgar Grospiron a assuré le spectacle, entre 1985 et 1995, sur les pistes de ski acrobatique et les bosses, discipline qu'il popularise auprès du grand public.
Un "fantasque skieur, toujours dans la provoc", se rappelle Luc Alphand, ancien skieur alpin aux 12 victoires en Coupe du monde. Personnage haut en couleur, Grospiron a mis un pied dans l'olympisme à Calgary, au Canada, en 1988. À l'époque, les bosses n'étaient qu'en démonstration aux Jeux. S'il n'avait pris que la 3e place, il avait enflammé le public de l'Alberta en véritable showman pour la promotion de son sport.
Facétieux, un poil fêtard, il "avait pour devise 'ski, sexe et rock'n'roll'", raconte Perrine Laffont, championne olympique des bosses en 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud), dans un documentaire pour la chaîne olympique.
Légende de l'olympisme
Les Français ont découvert son visage un 13 février 1992 sous des flocons de neige à Tignes (Savoie). Il est ce jour-là entré dans la légende olympique en devenant champion à domicile, le premier sur les bosses, la première discipline du ski acrobatique à entrer au programme de Jeux d'hiver à Albertville.
"C'était la course la plus difficile de ma carrière. Il y avait une pression colossale. C'est une piste mythique, raide et longue, difficile à skier... J'étais face à des skieurs plus forts que moi. Il a fallu aller chercher cette course au mental", se rappelait-il auprès de France 3 Alpes 20 ans après son sacre.
"C'était comme une deuxième naissance. Une naissance aux yeux du grand public. La veille, j'étais encore un inconnu. Et le lendemain, j'ai eu mon visage en une de tous les journaux", racontait Edgar Grospiron à l'AFP en 2020.
Et pourtant, "j'avais 22 ans et je n'étais pas prêt à ça. Il y a des gens qui aujourd'hui encore m'interpellent dans la rue. C'est là que je réalise que la puissance des Jeux est phénoménale", rembobine le triple champion du monde (1989, 1991 et 1995) et médaillé de bronze aux Jeux de Lillehammer (Norvège) en 1994.
Un "bosseur" mué en conférencier
Au-delà de son image de déconneur, Edgar Grospiron était un acharné sur les pistes. "Il n'était jamais satisfait du ski qu'il produisait et ne comptait pas son temps pour revenir à l'ouvrage", se remémore son entraîneur Nano Pourtier. Tout cela dans le seul but d'être "au rendez-vous des promesses" qu'il avait annoncées.
Ainsi, six mois avant les Jeux d'Albertville-1992, les premiers en France depuis Grenoble en 1968, il avait prévenu Jean-Claude Killy, triple champion olympique de ski alpin en 1968 et patron de l'organisation de l'événement : "Je te garantis que tu peux mettre dans tes prévisions que je vais être champion olympique".
Plus de trois décennies plus tard, c'est à son tour de se mettre dans les pas de Killy pour devenir le chef d'orchestre des JO-2030. Et si le style vestimentaire a changé depuis sa mue en conférencier - chemise blanche, veston et pantalon noirs, mais sans cravate -, il continue avec ce côté showman vibrant encore en lui. Sur son site internet, Edgar Grospiron se présente comme "coach certifié, entrepreneur et business angel". "Ce projet ambitieux et collectif a besoin d'un leader qui sait motiver et fédérer", a-t-il écrit dans sa lettre de motivation pour le job de président.
Éphémère directeur d'Annecy-2018
Cette nomination fait figure de revanche pour le skieur de La Clusaz, éphémère directeur général de la candidature d'Annecy à l'organisation des Jeux d'hiver 2018. Edgar Grospiron avait démissionné de son poste en décembre 2010 en déplorant le manque de moyens.
Passée de 18 à 20 millions d'euros, la somme allouée à cette candidature restait selon lui - qui avait demandé une rallonge de 12 millions d'euros - trop juste pour espérer rivaliser avec les offres de Munich et Pyeonchang.
"Je ne peux pas faire gagner la candidature avec ce budget et le temps qu'il me reste", justifiait-il auprès de l'AFP sept mois avant l'élection de la ville hôte. "Je prends mes responsabilités mais je reste à disposition pour faire gagner la candidature." Finalement, la candidature française avait essuyé une lourde défaite lors de la 123e session du CIO à Durban (Afrique du Sud) en juillet 2011, ne recueillant que 7 voix, loin derrière Pyeongchang (63 voix) et Munich (25 voix).
Passage éclair en politique
Edgar Grospiron a aussi brièvement mis les doigts dans la politique, en 2008, pour les municipales à Annecy-le-Vieux, en 33e et dernière position de la liste "Encore mieux pour ALV", menée par le président de l'Assemblée nationale de l'époque, Bernard Accoyer (UMP).
Une brève expérience susceptible d'être utile dans son dialogue avec les représentants de l'Etat et des deux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud concernées par ces Jeux, qui consisteront cette fois pour Grospiron, non plus à dompter des bosses mais à franchir des obstacles pour baliser la piste vers Alpes-2030.
Comments