Arcs 1800
Masques, gestes barrière : tous engagés pour que la montagne reste un plaisir

Les séjours à la montagne et la pratique des sports d'hiver doivent elles aussi s'adapter aux normes sanitaires. Bonnes nouvelles: il n'y aura pas de limitation du nombre d'enfants aux cours ESF et les remontées mécaniques devraient pouvoir tourner à 100% de leur capacité.
Une chose est sûre: la future saison hivernale s'annonce très particulière pour les vacanciers, les skieurs, les hébergeurs, les commerçants et les professionnels des stations de sports d'hiver.
Les premières chutes de neige le week-end dernier font plaisir au moral de tous les amoureux de la montagne mais au delà de la carte postale, comment l'hiver se prépare-t-il dans le contexte sanitaire fluctuant qui est le nôtre?
A destination des stations et de la clientèle hivernale, France Montagnes a publié un document d'information présentant l'adaptation des gestes barrière dans les principaux lieux publics, comme les remontées mécaniques où le port du masque sera obligatoire dans les files d'attente et où il est préconisé une désinfection quotidienne des zones de contact.
A ce jour, il n'est pas prévu de réduire l’accès aux remontées, qui pourront conserver 100 % de leur capacité. Une bonne nouvelle.
Informer pour rassurer
Des stations comme Les Arcs, La Plagne ou Saint-Martin de Belleville et bien d'autres ont mis sur pied des cellules «spécial covid», pour rassurer leurs clients et envisager les mesures particulières visant à mettre en place les mesures sanitaires adaptées.
Sur tous les sites internet des domaines skiables, les stations ont mis en ligne des pages "pour expliquer", "pour rassurer" et "pour montrer que nous sommes prêts", témoigne Emmanuelle Lacoste, directrice de Valloire Tourisme.
En Haute-Savoie, la station d'Avoriaz-1800 a mandaté Bureau Veritas France pour créer le label "Safe Guard". Il vise à rassurer le client et à garantir que tous les protocoles d'hygiène et de prévention ont été mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Il y a peu, Avoriaz est devenue la première destination touristique à obtenir ce label pour l’ensemble de l’organe touristique et ses activités indoor et outdoor.
Comme partout ailleurs, d'abord les gestes barrière
De manière générale, "pour l'instant, il n’y a pas de directives spécifiques pour les stations de ski aujourd’hui", explique Grégory Duvernay, responsable pôle attractivité/événements de la station d'Arêches-Beaufort. "Nous mettons en place le même protocole sanitaire que dans le reste de la Savoie. Les remontées mécaniques sont soumises à la législation des transports en commun d'où le port du masque obligatoire…"
Sur la pratique des sports de glisse en elle-même, il n'y a pas de souci pour l'instant : on est en plein air, dans de grands espaces ouverts, seuls sur les skis, équipés de combinaisons, gants, masques... Le virus semble là assez facile à tenir à distance.
Du côté des hébergements, les stations ont déjà l'expérience de l'été où la montagne a été une destination privilégiée des vacanciers. Même chose dans les commerces, les restaurants qui ont appliqué le port du masque obligatoire, la mise à disposition de gel hydro-alcoolique... Tout va se poursuivre l'hiver prochain.
Plus de numérique
"Sur le plan sanitaire, on vit au jour le jour les messages préfectoraux et on s'y plie", souligne Fabrice Mielzarek, directeur de l'office de tourisme de Villard-de-Lans en Isère. Et c'est la même chose pour ses homologues savoyards et haut-savoyards. Toutes les stations sont d'ores et déjà bien avancées dans l'organisation de la saison hivernale.
"Le maître-mot, c'est la souplesse" confirme Emmanuelle Lacoste, directrice de Valloire-Tourisme. "Il n'y aura pas d'hiver au rabais. On prépare normalement notre saison avec des nouveautés, avec le même volume d'animations... Seulement, en plus, on adapte les protocoles sanitaires. Par exemple, on travaille sur un maximum de possibilités d'achat en ligne pour éviter de toucher des papiers, des cartes bancaires, de faire la queue pour les forfaits... Dans nos métiers, on doit être optimistes, réalistes et réactifs !"
Le numérique va être privilégié cet hiver. On pourra louer son matériel et le récupérer en drive, acheter ses forfaits sur internet, et même faire ses courses sur le net.
Pralognan-la-Vanoise propose par exemple un service de livraison à domicile de produits locaux. L’arrivée en station et le «check in» des locations (informations personnelles, caution, kit bébé, place de parking, taxes de séjour) pourront aussi être opérés et payés en ligne.
Un masque anti-covid fabriqué près de Lyon
En plus d'un casque, de lunettes, il va falloir porter un masque anti-covid avant chaque passage au télésiège cet hiver. Une entreprise de Dardilly, près de Lyon, a pensé à tout : elle propose un tour de cou, comme en mettent souvent les skieurs, les motards et les coureurs à pied, qui sera également un masque anti-covid quand on le remontera sur son nez.
A l'école de ski: pas de limitation du nombre d'élèves
Si la distanciation sociale sur les pistes et dans les groupes est assez aisée à réaliser, les écoles de ski des stations travaillent elles aussi à l'organisation "particulière" de la prochaine saison hivernale.
"Nous avons le souci de la sécurité et de la santé de nos visiteurs comme de nos professionnels. Si eux sont empêchés, ça n'ira pas. Alors on se retrousse les manches pour que les séjours soient plaisants et sereins pour tous", témoigne Jean-Michel Simon, directeur général du Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF).
E-card généralisée
Pour l'heure, au ministère des Sports, il n'a pas été question de jauges ou de limitation du nombre d'enfants accueillis en cours collectifs. "On déroulera nos activités avec un protocole sanitaire affiné, des règles de distanciation, le port du masque sera obligatoire pour les plus de 11 ans en attendant et sur les remontées mécaniques. Même chose dans les zones de rassemblements", détaille Jean-Michel Simon.
Selon lui, pas de consigne générale sur une organisation espacée des départs et des arrivées de cours mais un travail en amont pour simplifier le parcours client et limiter les passages dans les bureaux des écoles de ski. La "e-card" (carte de cours ESF numérique") va se généraliser. La réservation des activités devraient ainsi partout pouvoir se faire principalement en ligne et par téléphone/mail.
Remboursement des cours possible
Comme cela a été pratiqué dès l'hiver dernier lorsque le confinement a été décrété mi-mars, les écoles de ski s'engagent à rembourser à 100% les clients en cas d'annulation. "Il ne s'agit pas de rajouter du stress sur cette question", indique le directeur général du syndicat professionnel des moniteurs de ski.
Les préconisations sanitaires à l'école de ski: dans les bâtiments, pour les espaces publics, le port du masque obligatoire pour les personnes de 11 ans et plus, gel hydro-alcoolique à disposition, désinfection des surfaces. Port du masque obligatoire lors des rassemblements au début et à la fin des cours pour les moniteurs et les élèves de 11 ans et plus. Désinfection du matériel prêté (dossards, matériel des jardins d'enfants...)
Des contraintes sanitaires, il y en aura à la neige cet hiver mais tout est fait pour que la montagne reste un plaisir dans un contexte économique qui inquiète toutefois les professionnels du secteur.
Au delà de l'application des consignes sanitaires, la grande inconnue reste pour tous les professionnels de la montagne de savoir si la clientèle va répondre présent sur les pistes cet hiver.
Tous les domaines skiables finalisent en ce moment l’accueil de leurs futurs skieurs.
Certaines stations l'évoquent avec angoisse : le pire scenario serait un re-confinement généralisé ou des restrictions de circulation entre certaines zones géographiques si l'épidémie devient incontrôlable. "Là, ça serait la catastrophe" glisse un professionnel d'une station savoyarde.
Les skieurs étrangers pourront-ils se déplacer?
Tenant la menace à distance, ayant pris des dispositions sanitaires strictes, les stations savent malgré tout pouvoir compter sur une clientèle locale et française plutôt fidèle.
"Ce sont pour ceux qui reçoivent normalement beaucoup d'étrangers que ça va être plus difficile cet hiver", reconnait Fabrice Mielzarek, directeur de l'office de tourisme de Villard-de-Lans. "Nous, on a la chance d'avoir une base de clientèle de proximité. On vient de Grenoble, de Lyon, de Valence et de la vallée du Rhône pour skier dans le Vercors. On est aussi une station de court week-end. S'il fait beau, on a du monde".
La directrice de Valloire Tourisme, Emmanuelle Lacoste avance un chiffre d'environ 80% de fidélisation et de 89% de clients français."On ne fera peut-être pas une saison record, mais ont doit sauver notre hiver avec une saison qu'on espère complète".
Mêmes valeurs à Arêches-Beaufort: "Notre clientèle est à plus de 90 % française et notamment régionale", explique Grégory Duvernay, responsable pôle attractivité/événements. Et de poursuivre: "Bien sûr que nous sommes inquiets pour la fréquentation, tout comme on l'était pour cet été qui, malgré tout, a été une très bonne saison".
Les inquiétudes sont ainsi beaucoup plus fortes concernant la clientèle étrangère, et particulièrement britannique. Les Anglais, soumis à des règles de quatorzaine strictes, pourraient ne pas pouvoir venir en France du tout.
Les skieurs étrangers, et fortunés, risquent bien d'avoir du mal à voyager à donc à rejoindre les grosses stations, comme Courchevel.
L'hébergement collectif en panne
Autre sujet d'angoisse non négligeable économiquement pour les professionnels de la montagne : les séjours de classe de découverte/classe de neige qui s'annulent les uns après les autres.
"L'hébergement collectif est en panne", confirme Fabrice Mielzarek (Villard-de-Lans).
Jean-Marc Simon, directeur général du Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), va plus loin dans le constat. Il est inquiet : "Ce marché s'effritait déjà mais s'il y a une saison blanche pour eux cet hiver, les hébergeurs collectifs ne se relèveront pas. Or, pour de multiples raisons, c'est une activité économique qui contribue beaucoup à l'équilibre financier des petites et moyennes stations".
Heureusement, tempère t-il, "nous venons d'apprendre que dix centres Club Med sur onze vont ouvrir cet hiver avec comme objectif de tourner à 80% de leur capacité. Seul Arc 2000 n'ouvrira pas du tout".
Des réservations de dernière minute
Comme pour cet été donc, les professionnels du secteur s'accordent à dire qu'il faut surtout s'attendre à des réservations de dernière minute. "Voire peut-être de l'ultra dernière-minute. A ce jour, on constate beaucoup d'indécision dans les réservations hivernales. A nous de rassurer, et de faire passer le message que nous sommes prêts à recevoir les vacanciers", indique Emmanuelle Lacoste (Valloire).
Des annulations sans frais
Selon les stations, selon certaines modalités d'assurances, des remboursements seront possibles. A Valloire, Emmanuelle Lacoste explique par exemple que pour les forfaits, "si des restrictions administratives ou préfectorales interviennent, si les personnes sont atteintes du virus ou en quatorzaine au moment de leur séjour, elles pourront annuler sans frais".
A Avoriaz, la plupart des hébergeurs et les remontées mécaniques de la station s’engagent à rembourser les sommes versées en cas de décision gouvernementale restrictive liée au Covid.
C'est un argument de vente de séjour pour cet hiver: les sommes payées à l’avance feraient, sous condition, l'objet d'un report de séjour, d'un avoir ou d'un remboursement. Sur ce point, il faut bien se renseigner car chaque prestataire, chaque hébergeur, est libre de décider de ses propres conditions d’annulation. Ces derniers ont toutefois particulièrement flexibles aujourd'hui, et notamment si le contexte Covid-19 venait à évoluer encore.
Pas ou plus seulement du ski: la tendance va s'accentuer
A Villard-de-Lans en Isère, on veut même croire à une diversification des activités encore plus marquée cet hiver. "A mon avis, avec le virus, je pense que les gens auront envie de goûter encore plus à d’autres activités comme la marche, les raquettes, le ski de randonnée. Dans le Vercors, la pratique du ski nordique est très développée et là, aucun souci: pas de remontées mécaniques à prendre, des espaces larges..." prévoit Fabrice Mielzarek.
"Ce n'est pas nouveau. Depuis plusieurs années, il y a une appétence pour les activités nature l'hiver. La part des non-skieurs est non négligeable", renchérit Emmanuelle Lacoste (Valloire). "Et les bienfaits de l'altitude sur l'organisme ne sont plus à démontrer, alors, cet hiver, venez en montagne. On est prêts à vous recevoir!"