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La montagne dans 30 ans : quelles solutions pour le tourisme, les mobilités, l'environnement ?


Quelle montagne en 2050 ? Après le Mountain Planet,on imagine avec les professionnels de la montagne, ce que sera la montagne en 2050. Comment aura-t-on solutionné la durabilité de ces territoires ? Adapté le tourisme quatre saisons ? Trouvé l’équilibre entre économie touristique et préservation de l’environnement ? Plongée en 2050.

Le salon Mountain Planet, le plus grand rassemblement international des professionnels du monde de la montagne accueille près de 900 marques, et pas moins de 19 000 visiteurs professionnels issus d’une soixantaine de pays, à Grenoble du 26 au 28 avril. Des professionnels de la montagne, qui ont présenté leurs innovations, pour imaginer la montagne de demain. Car, si la montagne est une destination touchée par les changements climatiques, les acteurs de ces territoires ne sont pas résolus à laisser s’effondrer leurs chers sommets.


Les professionnels du tourisme, comme les acteurs de l’économie de montagne ont déjà entamé le virage serré qui devra permettre à ces territoires particuliers et contraints de passer le cap, et de se réinventer. Les idées ne manquent pas. Mais ces projets sont-ils compatibles avec l’impérative urgence de préserver l’environnement ? À quoi ressemblera la montagne de demain ? Comment l’inventer aujourd’hui et pour qui ?

Diversifier les modèles

"La montagne en 2050, je l’imagine dans une dimension beaucoup plus diversifiée qu’aujourd’hui. Je l’imagine toujours enneigée en hiver, même si on sait que ça ne sera pas au même niveau. Je souhaite que le côté magique du ski perdure, et que l’on progresse sur les aspects environnementaux et technologiques pour continuer à profiter de la montagne en hiver, tout en développant en conscience sa durabilité", explique Patrick Grand’Eury, président du Cluster Montagne, association des professionnels de la montagne, qui a pour mission de promouvoir les montagnes françaises et les acteurs français de l’aménagement touristique.

La montagne touristique pourrait, donc, se développer, mais d’une façon plus rationnelle et respectueuse. Celui qui est aussi directeur général de Lumiplan, mise sur la diversification des modèles. "D’un massif à l’autre, d’une destination à l’autre, on doit pouvoir proposer des stations différentes. Elles devront se construire une image proche de leur ADN. Ce mimétisme entre destinations qui a été le modèle des Plans neige des années 1970 et 1980 n’est plus bon. Nous, les entreprises, nous sommes à la manœuvre, et c’est à nous d’inventer les solutions de demain."


Ces solutions, les acteurs économiques de la montagne y réfléchissent depuis longtemps. Lors d’un "Rendez-vous des industries" organisé par l’association Centr’Alp (Isère) autour de l’économie circulaire, Laure Jarlaud, responsable RSE du groupe Rossignol, a présenté les grandes lignes de la démarche RSE de l’entreprise, avec pour objectif de réduire de 30 % son impact en émission de CO2. Un autre leader isérois, Poma, a, lui, édité un guide interne de l’éco-conception. Les intentions sont bonnes. Les projets certainement viables pour la plupart. Mais les contraintes, notamment climatiques sont toujours là. La montagne peut-elle être à la fois décarbonée et connectée ? Peut-on développer en même temps le tourisme responsable, et le tourisme de flux accéléré par les solutions de réservations en ligne ?


Ce n’est pas la montagne qui est paradoxale, c’est le monde », réagit Patrick Grand’Eury. « On est dans la contradiction tous les jours. Le monde n’est pas binaire. Le tourisme est nécessaire à la vie des territoires. Sans lui, il n’y a plus de villages, plus d’écoles, plus de producteurs… On veut toujours opposer la montagne vierge à la montagne industrielle que nous aurions bétonnée. Mais si le tourisme reste le moteur de l’économie des territoires, il faut désormais accepter de comprendre qu’on ne peut plus se baser uniquement sur le ski, et comprendre qu’on doit faire des efforts."


Si l’exploitation de la montagne a vocation à devenir plus résiliente et plus durable, le loisir perdurera. "Il y aura toujours des lieux qui seront des lieux de pur tourisme, et ce n’est pas honteux. On fait la fête sur la côte méditerranéenne. On fait la fête dans les villes. Pourquoi pas à la montagne ? En 2050, il y aura des stations de fête, et d’autres qui auront fait le choix d’être des cocons de nature et de proposer autre chose, soutient Patrick Grand’Eury. Nous avons, dans le cluster, des tas d’entreprises innovantes qui proposent des nouvelles formes de glisse, comme Snooc (ski hybride entre le ski de randonnée et la luge), ou des pistes de loisirs amovibles, comme Cap Mountain Park."

Les mobilités sur la bonne voie ?

Parmi tous les enjeux qu’il reste à développer, la mobilité devra, c’est une certitude, être adaptée. Sans même parler de la difficulté de maintenir des lignes de train aux abords des stations, la montagne doit être décarbonée. Des solutions sont déjà expérimentées : essor des véhicules et navettes propres ou autonomes, ou encore l’exploitation d’ascenseurs valléens, pour relier les vallées aux stations. Patrick Grand’Eury poursuit donc : "Si je dois imaginer la situation en 2050, je pense que 90 % des véhicules seront électriques ou à hydrogène. Et qu’ils seront même autonomes ce qui permettra une circulation optimisée. Nous avons d’ailleurs déjà testé à Val Thorens des navettes propres et autonomes."


Dans la station des Deux-Alpes, la mobilité aussi est un sujet pour le maire, Christophe Aubert. "On croit au maillage du câble. On a dopé l’utilisation de l’ascenseur valléen en élargissant ses plages de fonctionnement pour que les travailleurs qui résident en vallée puissent l’utiliser facilement. D’ailleurs, ce modèle de transport par câble est aussi exploité dans les villes […] Grâce aux retombées financières du tourisme, on peut faire tourner des navettes électriques toute la journée sur la station. Elles sont totalement gratuites et donc, les résidents comme les touristes ne se posent pas de question et l’utilisent. Et cela règle en plus le problème du stationnement, tout en participant à l’action environnementale.."


Le bâti ne doit en effet pas être oublié quand il s’agit de penser la montagne de demain. Pour des aspects environnementaux évidemment, mais aussi parce que la destination devrait attirer de plus en plus de monde. La montagne s’avèrerait donc un investissement d’autant plus intéressant, selon Me Aurélie Bouvier, notaire à Meylan. "En 2050, l’air sera peut-être plus respirable en montagne que sur le bord de mer. Le réchauffement climatique est une opportunité pour les stations pour développer les offres touristiques en dehors de la période hivernale. La propriété immobilière de rêve demain, avec le réchauffement climatique, sera située sous les climats tempérés, avec de l’eau pas très loin. La montagne offre tout cela, contrairement aux communes de bord de mer." Une offre touristique toutes saisons, à laquelle réfléchissent déjà les aménageurs de la montagne, constate la notaire.


"Toute la difficulté sera de proposer des modèles touristiques viables, conclut Patrick Grand’Eury. Elus et entreprises ont parfois des intérêts différents, mais notre vision est souvent similaire sur les grandes lignes. On veut transmettre à nos enfants, des montagnes dont on n’aura pas honte. Depuis quelques années, le Cluster Montagne expérimente grandeur nature les innovations de notre Lab. Le défi sera de passer de l’intelligence collective à l’action collective."

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