"C'est la croix et la bannière" : pourquoi les bus 100 % électriques sont "un échec total" à Grenoble
La quasi-totalité des bus électriques de l'agglomération grenobloise, livrés en 2020, ne fonctionnent pas correctement. Problèmes techniques et maniabilité difficile : les bus vont être rendus au constructeur et de nouveaux véhicules électriques devraient les remplacer.
Ils devaient symboliser l'accélération vers la transition énergétique sur le réseau de transports de la métropole grenobloise. Ils devaient aussi être plus maniables avec leurs quatre roues directrices et bénéficier d'une autonomie de 250 kilomètres. Mais, quatre ans après leur arrivée dans la métropole grenobloise, les sept bus électriques construits par Alstom sont quasiment tous à l'arrêt.
La plupart d'entre eux prennent la poussière au dépôt d'Eybens. Lors de sa première sortie en décembre 2020, le nouveau bus 100 % électrique n'est pas passé inaperçu. Sept exemplaires ont été commandés à Alstom qui en a déjà fourni à Strasbourg et Paris. À la veille des municipales, les villes veulent alors démontrer leur engagement écologique.
La vérité du lundi n'est pas celle du mardi en termes de fonctionnalité. C'est un échec total.
Georges Garcia, représentant syndical FO.
Mais très vite les problèmes surviennent : essieu défaillant, batterie défectueuse, conduite inconfortable... "On a eu un taux d'efficience très faible vis-à-vis de ces bus. En 2020, nous avons acheté sept bus électriques. Au fur et à mesure des jours, on a toujours eu des problèmes techniques ou de direction. C'était très dur et on a même dû déclencher des enquêtes", explique Georges Garcia, délégué syndical FO.
Près de 4 millions d'euros
"Un ou deux bus fonctionnent encore. Mais, c'est la croix et la bannière. Et la vérité du lundi n'est pas celle du mardi en termes de fonctionnalité. C'est un échec total", poursuit ce chauffeur avec 25 ans d'ancienneté dans l'entreprise.
Ces bus étaient censés accélérer la transition énergétique du réseau métropolitain, déjà fort de 120 bus roulant au biogaz. Les véhicules électriques devaient aussi remplacer à terme les modèles diesel, qui représentent un quart de la flotte du Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise (SMMAG).
"C'est un coût pour l'entreprise et le SMMAG. Chaque bus, avec sa batterie, représente 600 000 euros. Il y a plus de 4 millions sur la table", continue Georges Garcia. Une situation que regrette également sa direction : "Depuis le début, ces bus rencontrent des problèmes techniques qui sont dus à la fabrication du constructeur. Malheureusement, ils n'ont jamais rendu un service plein et entier", témoigne Sylvain Laval, président du SMMAG.
Une opération financière "neutre"
Malgré l'échec, le SMMAG a trouvé une solution pour maintenir son cap "transition écologique". La régie des transports en commun prévoit de renvoyer ces sept bus à Alstom : "Le constructeur va reprendre l'intégralité de ces bus, qui ne fonctionnent pas (...) moyennant une somme qui va nous être versée par Alstom. Nous allons les remplacer par des bus neufs d'une technologie éprouvée", indique Sylvain Laval.
C'est une autre entreprise française, de la région, qui devrait fournir les futurs bus électriques de la métropole. Seule les batteries actuelles vont être préservées : "C'est une opération quasiment neutre financièrement", promet le président du SMMAG. Une bonne nouvelle pour Georges Garcia : "L'efficience de ces futurs bus sera, sans difficulté, nettement meilleure. Parce qu'on a déjà touché le fond."
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