Une limite pluie-neige qui remonte, une année sur 5 compliquée et une année sur 5 « gavée de neige » et des stations de ski préalpines qui exacerbent ces variations…. Voici notamment ce qu’on peut déduire de l’analyse des relevés de neige de Météo France les 20 dernières années. Si décembre est souvent un mois compliqué, mars est le mois où l’on retrouve le plus de neige.
Les températures moyennes augmentent
Si on regarde l’évolution de la température de février à Bessans (1800 m) et à Saint-Nicolas-la-Chapelle (800 m) sur les 10 dernières années. Dans les deux cas, et dans un contexte climatique et microclimatique très différent, la température s’est visiblement élevée en un temps court. Cette élévation de température entraine l’élévation de la limite pluie neige et la fonte accélérée du manteau neigeux en place. S’il pleut sur la neige en place, la fonte est encore plus rapide.
On peut également voir dans les relevés effectués à Embrun depuis 1973 que les variations sont assez importantes d’une année à l’autre. Toutefois, la tendance semble être d’une hausse d’environ 2° en 50 ans à cet endroit au cœur de l’hiver. Une hausse de 2°, c’est également une hausse moyenne de près de 300 mètres de la limite pluie-neige. En clair, si en 1973, il neigeait aux alentours de 1250 m autour d’Embrun, la limite serait plus de 1550 m en moyenne 2023.
La moyenne montagne perd de la neige
Selon les analyses de Météo France citées dans cet article de France Info, l’enneigement diminuerait de 5 jours tous les 10 ans en moyenne montagne. C’est l’élévation de la limite pluie-neige qui réduit la couche de neige au sol. Dans les Alpes, ces tendances sont historiquement mesurées au col de Porte, station Météo France du massif de la Chartreuse située à 1325 mètres d’altitude et exposée à un climat préalpin très arrosé.
Dans le graphique ci-dessous, on voit bien l’évolution lente, mais inexorable à la baisse d’enneigement depuis plus de 60 ans. On remarque aussi très bien la variabilité des années.
À plus haute altitude, on ne relève pas aujourd’hui d’évolution négative de l’enneigement. Ce dernier est par ailleurs très variable d’une année à l’autre à toutes les altitudes. Il semble toutefois se dégager une tendance presque intangible avec une année sur 5 qui est chargée en neige et une année sur 5 qui est pauvre en neige.
Mars est le mois le mieux enneigé
Si décembre est le mois le moins enneigé, mars est le mieux enneigé. Février se défend souvent également très bien. C’est d’ailleurs pour cela que c’est le mois le plus demandé : le soleil commence à remonter dans le ciel et l’enneigement fait rarement défaut. En moyenne, sur 20 ans et sur la base de 138 stations Météo France en montagne, on trouve 43 cm de neige fin décembre, 63 cm en janvier, 87 cm en février, 89 cm en mars et 65 cm en avril. Notez également que, contrairement à une idée reçue, il y a plus de neige en avril qu’au mois de janvier !
Une forte variabilité, mais très régulière…
La première chose qui frappe quand on analyse l’historique neige des 20 dernières années, ce n’est pas la baisse de l’enneigement, c’est l’extrême régularité des hivers bien enneigés et de ceux plus difficiles. Cette variabilité est présente dans toutes les stations. Elle est liée aux périodes de sécheresses et de douceurs qui peuvent s’installer sur les Alpes en hiver. On le voit dans le graphique ci-dessous, mais aussi dans celui du col de porte avec 62 années d’historique. En dent de scie ces 20 dernières années, l’enneigement a été excellent tous les 5 ans et mauvais tous les 5 ans.
Les flux d’ouest : force et faiblesse
Si la variabilité de l’enneigement est fortement liée aux variables météorologiques de l’année, l’altitude et l’exposition aux flux d’ouest ont une grande influence. Sur le graphique ci-dessous, on voit le détail de 9 stations et villages des Alpes situés à diverses altitudes.
Si Val Thorens, Les Arcs ou Avoriaz se trouvent toujours au-dessus des moyennes, Arêches et Flaine ont tendance à amplifier les phénomènes. Dans ces stations très exposées aux flux d’ouest, l’hiver est moins enneigé que la moyenne quand l’hiver est peu enneigé globalement. À l’inverse, il est plus enneigé que la moyenne quand l’hiver est très enneigé.
Par contre, en dessous d’une certaine altitude, la neige disparaît quasiment. C’est le cas à Chamonix, à 1025 mètres d’altitude, où la neige devient de plus en plus rare.
Où trouver de la neige à coup sûr ?
Pour trouver de la neige à coup sûr, il vaut mieux trouver une de ski d’altitude le plus au nord-ouest des Alpes. Ainsi, elle sera exposée aux flux d’ouest et percevra ses précipitations le plus sous forme de neige. Avoriaz et les domaines d’altitude de Chamonix correspondent à ce cahier des charges. C’est aussi le cas des Arcs et de Val Thorens, même s’ils sont plus protégés par la chaîne des Alpes. Attention toutefois, en janvier et novembre 2023, on a vu des précipitations diluviennes en plein hiver rincer un manteau neigeux jusqu’à plus de 2000 mètres. Être protégé des flux d’ouest peut ainsi devenir une qualité. Bessans, Val d’Isère, Serre Chevalier et Montgenèvre sont des stations de ski d’altitude plus résilientes aux flux d’ouest.
Décembre sans neige : une variabilité plus importante
Le graphique ci-dessous montre la hauteur de neige moyenne en décembre ces 20 dernières années. L’enneigement est mesuré dans 138 stations Météo France françaises, à une altitude moyenne de 1700 mètres. 17 stations de ski des Alpes sont aussi représentées. On voit qu’il y a eu des mois de décembre exceptionnels, mais plusieurs mois assez critiques dans les stations de basse altitude : 2003, 2004, 2007, 2010, 2014, 2017 et 2019. C’est donc un gros tiers des hivers qui commencent par un mois de décembre faiblement enneigé en basse altitude.
À Avoriaz, à Val Thorens ou aux Arcs, c’est par contre très rare.
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