Leur fonte s’est accélérée ces 20 dernières années. Dans le monde, ils contribuent à 20 % de la montée du niveau des mers. Dans les Alpes, ils constituent un trésor autant qu’un patrimoine menacé, rendant visible le changement climatique. Tout au long de l’été, nous partons à la découverte ou à la redécouverte des géants alpins dont le déclin revêt des enjeux humains. Avec Tignes et Val d’Isère, la station iséroise des Deux Alpes est la dernière à offrir du ski d’été en France pour des saisons de plus en plus avancées. Mais en sus des techniques de damage et de pièges à flocons pour conserver et entretenir le manteau neigeux, les experts du domaine croient en une nouvelle alchimie : reconstituer la glace grâce à l’eau de fonte et des enneigeurs amovibles.
8 heures du matin, heure de pointe pour les clubs et les compétiteurs venus de toute l’Europe, au départ de la télécabine Jandri express qui permet de gagner le glacier à 3200 m d’altitude en 30 minutes.
Ouvert cette année exceptionnellement le 29 mai, le glacier du Mont-de-Lans, qui culmine à près de 3600 m, est le dernier avec la Grande Motte, à Tignes (Savoie) et Pisaillas, à Val d’Isère, à accueillir encore du ski d’été en France. En début de saison on peut descendre jusqu’au pied du glacier, le Signal, à 2800 m. mais il est de plus en plus difficile ces dernières années de maintenir la skiabilité en août
Responsable opérationnel neige des Deux Alpes, Arnaud Guerrand, ingénieur et pisteur, effectue ses relevés nivologiques pour évaluer le manteau neigeux et la durée prévisionnelle de la saison. Avec, au 1 er juillet, une couche d’1,80 m à 3400 m, la saison estivale semble assurée jusqu’à fin juillet. Mais une fonte record comme en juin, avec peu de regel nocturne et du vent de sud, peut très vite dégrader la situation.
Sur le glacier de Mont de Lans, le service des pistes installe des pièges à neige pour optimiser l’enneigement protecteur et régénérateur de ce glacier fort exposé au vent qui décape ses flancs et risque de le mettre à nu.
Signe des effets du réchauffement, la gare d’arrivée du funiculaire sous glaciaire émerge désormais tel une tour de contrôle. Le glacier du Mont-de Lans a perdu jusqu’à 40 m d’épaisseur dans sa partie basse à 2800 m et 10 m en partie sommitale. Il lui reste encore 40 à 60 m de glace. "Mais si on ne fait rien, il disparaîtra dans 40 ans et notre ressource en eau avec" estime Arnaud Guerrand
Depuis le glacier de Mont de Lans et le pas dans le vide installé à 3400 m d’altitude, dominant le vallon de la Selle, une vue panoramique à couper le souffle. Barre des Ecrins, face nord des Bans, Ailefroide, Meije mais aussi par temps clair un horizon qui s’étend jusqu’au Ventoux, puy de Dôme, mont Blanc et Cervin. Avec de bonnes jumelles, on peut apercevoir près d’un cinquième du territoire français.
Affluence avec les clubs et les compétiteurs venus de toute l’Europe, au départ du téléski de la Lauze qui permet d’atteindre le top du glacier à près de 3550 m d’altitude.
Recréer de la glace en produisant de la neige de culture avec l’eau de fonte du glacier… Les 2 Alpes ont essayé et ça marche. Mais en septembre 2018 le lac créé par les suées du Mont de Lans s’est soudainement vidangé. À l’automne précédent, près de 60 cm de glace avaient pu être reconstitués.
Dans sa partie basse, à moins de 3000 m, le glacier du Mont-de-Lans souffre de la fonte estivale. Pour l’exploitation du domaine skiable, tout l’enjeu consiste à travailler et conserver la neige pour le maintenir
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