La vallée de Chamonix-Mont-Blanc va mettre en place des restrictions aux locations de meublés de tourisme afin d'enrayer la flambée des prix et favoriser le logement permanent, ces restrictions ne concernent toutefois que les particuliers car la Mairie craint les recours.
Comment concilier la qualité de vie des habitants et le tourisme, un secteur qui représente 60 à 70% de l’activité économique de la vallée de Chamonix ? Le 25 juillet dernier, la communauté de communes de la vallée, qui rassemble les communes de Chamonix, Les Houches, Vallorcine et Servoz, toutes quatre classées "zones tendues" depuis août 2023, a voté un règlement permettant de mieux encadrer la location sur les plateformes du type Airbnb. La délibération entrera en vigueur le 1er mai 2025.
"Nous souhaitons éviter les phénomènes spéculatifs"
Le texte prévoit que pour chaque bien faisant l'objet de locations de courte durée, le propriétaire devra solliciter un numéro d'enregistrement et une autorisation d'une durée limitée auprès de sa commune. En outre, le nombre de meublés en location sera limité à un bien par personne physique à Chamonix et les Houches et à deux biens à Servoz. La vallée devient ainsi "le premier territoire de montagne en France à limiter le nombre de locations touristiques pour favoriser le logement à l'année", se félicite-t-elle dans un communiqué.
"Nous souhaitons éviter les phénomènes spéculatifs, qui peuvent être ceux qu'on connait dans les stations de montagne, qui consistent à acheter des logements et à les dévoyer de leur vocation initiale, le logement permanent, pour les mettre simplement sur du logement touristique", a expliqué à France Bleu Pays de Savoie Eric Fournier, le maire de Chamonix.
"Nous autoriserons un seul bien par personne physique"
"Pour la commune de Chamonix, nous autoriserons par exemple dans un premier temps, un seul bien par personne physique, concernant la location sur les plateformes (type Airbnb), avec la capacité de dire, si c'est un complément de revenus, c'est autorisé, si par contre c'est un système spéculatif qui déséquilibre notre offre de logements, notamment en direction des permanents, dans ce cas nous pensons qu'il est nécessaire de limiter".
La nouvelle règle ne concerne que les personnes physiques dans un premier temps mais les données recueillies permettront ensuite de prendre des mesures complémentaires visant les personnes morales. Une crainte qui s'explique par le fait que ces entités (gestionnaires de parc immobilier, agences immobilières, conciergeries), constituent "la majeure partie des multipropriétaires", et disposent des "moyens financiers pour aller chercher des recours" juridiques. "Le risque que le règlement soit attaqué existe", note-t-on à la mairie, rappelant le revers subi l'année dernière par la ville d'Annecy qui cherchait à imposer des quotas de meublés de tourisme. Evidemment les juges apprécieront si la remise sur le marché d'appartement en station, désertées hors saison et bondées en hiver, sera profitable aux habitants locaux.
Selon les données collectées en 2023 via la taxe de séjour, les personnes morales détiennent environ un tiers des quelque 3.500 meublés recensés à Chamonix. Dans la vallée, leur nombre est passé de 2700 à 4000 en quatre ans et le prix du marché de la location atteint 30 euros par mètre carré, et l'acquisition oscille entre 10.000 et 18.000 euros par mètre carré, selon le communiqué.
Réduire le nombre de visites à la journée
Dans les années qui viennent, la ville de Chamonix souhaite également réduire le nombre des visites à la journée sur son territoire, considérées comme peu écologiques, pour privilégier les séjours plus longs. Et cela passe par une adaptation des tarifs comme l’explique le directeur de l’office de tourisme Nicolas Durocha.
"L'objectif c'est de dire, on préserve notre tourisme de séjour puisque c'est celui-là qui génère de la recette, l'idée n'est pas de dire, ne venez plus à la journée dans la vallée de Chamonix, mais venez "correctement" (...) en mettant des tarifs incitatifs sur les remontées mécaniques, avec une dégressivité plus importante sur le coût journée des forfaits séjours, et des tarifs un peu plus forts à la journée, c'est en discussion".
Pourtant les locations des plateformes concernent essentiellement des séjours d'une semaine comme s'était précédemment le cas avec les agences immobilières locales. Il est donc difficile de comprendre le raisonnement sauf à accepter des objectifs inavouables.
Comments