Craspedacusta sowerbii observée lors d'une plongée dans le lac d'Annecy (Haute-Savoie), en août 2023.
Depuis la fin août, des images de méduses ont été capturées à plusieurs reprises dans les eaux haut-savoyardes. Elles mettent la lumière sur une espèce présente tout au long de l’année, mais qui n’est visible que sporadiquement.
C'est un spectacle de plus en plus commun le long de nos côtes. Mais qui peut surprendre quand on se trouve à 447 m au-dessus du niveau de la mer, dans un lac qui plus est. Les méduses sont pourtant bien présentes à Annecy en cette fin d’été, comme ont pu le constater des plongeurs fin août. Depuis, d’autres observations ont été rapportées par des pratiquants de sports nautiques.
"D'un seul coup, on les revoit"
La craspedacusta sowerbii est effectivement une espèce de méduse d’eau douce. Si l’information n’est pas très surprenante pour les habitués des lieux, c’est tout de même une originalité qui fait le bonheur des esthètes subaquatiques. Comme Eric Wenger, qui les a filmées en septembre à la fin d’une sortie au Menthon-Saint-Bernard.
"Vraiment un moment inoubliable", appuie l’Annécien, qui assure ne pas en avoir vu "depuis 8-9 ans". "Elles disparaissent pendant une décennie… Et d’un seul coup, on les revoit", se réjouit-il, et d’appuyer : "Dans la même plongée, on a vu des gros poissons, des brochets, etc. On était beaucoup plus contents de voir une petite bestiole comme ça, qu’on voit extrêmement rarement dans l’année."
Présentes toute l'année
Mieux vaut avoir l’œil affûté : les individus ne mesurent qu’un à deux centimètres… Quand ils sont visibles. Car si l’apparition des méduses peut paraître soudaine, l’espèce est en fait présente tout au long de l’année au lac d’Annecy, comme dans de nombreux cours d’eau de France. Elle prend alors la forme de polypes, des organismes de forme cylindrique dont la taille ne dépasse pas les quelque millimètres.
"Dans certaines conditions, qui restent relativement exceptionnelles, les polypes se mettent à produire des méduses", explique Victor Frossard, chercheur en hydrobiologie à l’université Savoie-Mont-Blanc. "Un des facteurs déclenchant seraient des eaux relativement chaudes, une fois qu’on est autour de 25 °C." D’où des observations plus fréquentes près des berges et sur une période qui court de juillet à septembre.
Le nombre d’individus est alors très variable. "Sa présence peut occasionner des efflorescences de centaines voir de milliers de méduses, impressionnantes, mais sans danger pour l’Homme", précise le Centre de ressources espèces exotiques envahissantes, qui rappelle que l’espèce a été découverte à Londres en 1880. De même pour son impact écologique, considéré comme "négligeable".
Alors si votre route croise celle de l’un de ces petits animaux gélatineux : "C’est beau. Ça fait partie de la biodiversité. C’est original. Donc si vous en observez : vous avez de la chance et profitez-en !", conclut Victor Frossard.
Comments